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CHAPITRE III. — RHÉTORIQUE, HISTOIRE, ETC.

Peut-être, en effet, n’était-il pas un artiste : les fragments ne nous permettent plus d’en juger. Mais il avait au moins le mérite de condamner formellement la prétendue éloquence des disciples d’Isocrate et de chercher avant tout l’expression exacte de la réalité[1]. Il semble avoir été un homme de bon jugement, exempt de passion politique, ni flatteur ni médisant, curieux d’anecdotes piquantes ou expressives[2].

Phylarque, dont la patrie n’est pas connue[3], est un contemporain d’Aratos de Sicyone, c’est-à-dire qu’il vivait dans la seconde moitié du iiie siècle[4]. Son histoire, en 28 livres, embrassait les soixante-dix années environ qui séparent le début du règne de Pyrrhus et la mort de Ptolémée Évergète[5]. Il en reste un peu plus de soixante-dix fragments, dont plusieurs, conservés par Athénée, ont quelque étendue[6]. Polybe l’accuse de partialité[7], et Denys d’Halicarnasse blâme son style[8]. Ces jugements sont peut-être trop sévères[9]. À en juger par ce qui nous reste de lui, Phylarque semble avoir été un historien attentif surtout aux mœurs, aux anecdotes, aux mille détails qui amusent la curiosité, et un écrivain d’assez bonne école, qui a du moins le mérite du naturel.

  1. Cf. fragm. 1.
  2. Il citait tout au long, dans son 22e livre, la chanson des Athéniens en l’honneur de Démétrius, qu’Athénée (IV, p. 253, D) nous a conservée d’après lui.
  3. On le faisait naître à Athènes, à Sicyone, en Égypte. V. Suidas.
  4. Notice dans C. Muller, Fragm. Hist. gr., I, p. LXXVII et suiv. ; fragments, p. 334-358, et IV, p. 645.
  5. Il était aussi l’auteur de quelques ouvrages moins importants dont les titres mêmes sont douteux. Cf. Müller, p. LXXVIII.
  6. Cf. fragm. 43 et 45.
  7. Polybe, II, 56-63.
  8. Arrang. des mots, 4.
  9. Sur sa partialité, cf. C. Müller, p. LXXX.