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PHYLARQUE ; TIMÉE

Timée est à la fois le plus célèbre des historiens de ce temps, et celui dont nous connaissons le mieux la physionomie[1]. Par la date de sa naissance, il est un des plus anciens, car il naquit vers le milieu du ive siècle ; mais il vécut environ cent ans[2], jusqu’au milieu du iiie, et poussa ses récits tout près de cette dernière date. Son père, Andromachos, était un riche et courageux Naxien qui, après la destruction de Naxos par Denys, avait contribué plus que personne à entraîner les survivants de ses compatriotes à Tauroménium, nouvellement fondée en Sicile[3]. C’est là que naquit Timée[4]. À une date qu’on ne peut déterminer avec précision, il fut chassé de Tauroménium par le tyran de Syracuse, Agathocle[5]. Il se rendit à Athènes, où il était sans doute déjà venu dans sa jeunesse pour écouter les leçons de Philiscos, disciple d’Isocrate[6], et il resta cinquante années consécutives[7]. C’est alors qu’il dut écrire la plus grande partie de ses ouvrages. Mais, à la fin de sa vie, il revint en Sicile, probablement à Syracuse[8], où régnait Hiéron II. Il y vé-

  1. Suidas, Τίμαιος. — Notice dans C. Müller, Fr. hist. gr., I, p. XLIX-LXVII ; fragments, p. 193-233. Timée a été l’objet d’une demi- douzaine de dissertations doctorales ou inaugurales (Cf. Susemihl, I, p. 563-583) ; les plus instructives sont celles de Kothe, De Timaei Taur. vita et scriptis, Breslau, 1871, et de Clasen, Untersuch. über Timaios von Taur., Kiel, 1883.
  2. Pseudo-Lucien, Longévité, 22.
  3. Diodore, XVI, 7. 1.
  4. Susemihl (p. 561) croit que la jeunesse de Timée fut remplie par des voyages chez les Ligures, les Celtes, les Ibères. Mais le passage de Polybe (XII, 28, a, 4) sur lequel s’appuie cette opinion montre bien que c’est à Athènes (ϰαθήμενον ἐν ἄστει) que Timée avait étudié ces peuples, et non de visu (αὐτόπτης).
  5. Susemihl place le fait en 312, lorsqu’Agathocle se prépare à passer en Afrique (Diodore, XIX, 102, 6). Mais il semble qu’à ce moment Agathocle ait fait périr ses ennemis de Tauroménium. L’exil de Timée peut être antérieur ou postérieur de quelques années.
  6. Suidas.
  7. Polybe, XII, 25 b. 1.
  8. Diodore l’appelle quelque part ὁ Συραϰόσιος (XXI, 16, 5).