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NÉARQUE, MÉGASTHÈNE, PYTHÉAS

au service de Séleucus Nicator et fut chargé de plusieurs missions auprès du roi indien Sandracotta. Il eut donc l’occasion de voir l’Inde de plus près et plus complètement que ses predécesseurs. Son ouvrage, intitulé Ἰνδιϰά, comprenait au moins trois livres, peut-être quatre[1]. On ne peut que faire des conjectures sur l’ordre suivi par Mégasthène. Mais ce qu’on voit sans peine dans ses fragments, c’est la variété de son information, qui portait à la fois sur la géographie physique, sur l’histoire naturelle, sur les mœurs, sur la géographie politique, sur l’histoire et sur la légende. Il avait beaucoup vu et beaucoup interrogé. L’étendue de ses recherches a fait de son livre le point de départ de tous ceux que les anciens ont composés dans la suite sur le même sujet : il servit de modèle à Diodore, à Strabon, à Arrien. Avait-il montré autant de critique que de curiosité ? Ératosthène l’accusait de mensonge, et Strabon répète ce jugement avec complaisance[2]. Mais ces condamnations sommaires sont injustes. Mégasthène paraît avoir rapporté fidèlement ce qu’il avait vu de ses yeux et ce que les Indiens lui avaient raconté. Ne lui demandons pas une critique dont son temps était incapable. Il a été sincère autant que curieux : c’est le seul mérite qu’on fut en droit d’exiger de lui. Quant à son talent d’écrivain, nous ne le connaissons pas.

À peu près vers le même temps que Mégasthène, vivait Pythéas, de Marseille, qui parcourut deux fois, probablement sur des vaisseaux phéniciens, les côtes de l’Atlantique depuis Gadès jusqu’aux îles Britanniques[3].

    p. 397-439. Cf. aussi Schwanbeck, Megasthenia indica, (Bonn, 1846), ouvrage classique sur le sujet.

  1. C. Müller, p. 399.
  2. Strabon, II, p. 70.
  3. Cf. A. Schmeckel, Pytheae Massiliensis fragm. quae supersunt,