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CHAPITRE III. — RHÉTORIQUE, HISTOIRE, ETC.

Il avait consigné le résultat de ses explorations dans un ouvrage intitulé Περὶ Ὠϰεανοῦ. Polybe et Strabon lui sont peu favorables. Mais cette divergence vient surtout d’une différence de point de vue. Pythéas n’était pas seulement un voyageur, un peintre de mœurs et de pays : c’était un mathématicien qui savait se servir du gnomon ; ses déterminations de latitude avaient une valeur positive que des erreurs de détail ne sauraient affaiblir. Polybe et Strabon, mieux informés sur nombre de détails, sont plutôt des politiques et des philosophes que des savants : en somme, c’est souvent Pythéas qui avait raison contre eux sur l’essentiel[1]. Mais rien ne prouve qu’il fût un écrivain.

À côté de ces explorateurs qui décrivent des pays nouveaux, voici maintenant un marin qui fait le relevé des ports et la description des escales de la Méditerranée, Timosthène, amiral de Ptolémée Philadelphe, dont Ératosthène a utilisé les travaux[2] ; — un péripatéticien, le philosophe Dicéarque, géomètre autant que philosophe, auteur d’un travail intitulé Καταμετρήσεις τῶν ἐν Πελοποννήσῳ ὀρῶν[3] ; — un autre péripatéticien, Agatharchos de Cnide, qui vivait dans la première moitié du second siècle, et qui avait composé, outre un écrit spécial Sur la mer Rouge, un grand ouvrage en 59 livres Sur l’Europe et sur l’Asie, travail à la fois historique et géographique, suivi de près par Diodore dans ses descriptions de l’Égypte et de l’Éthiopie, vaste et savante

    Mersebourg, 1848 (Progr.). V. surtout, pour l’appréciation de Pythéas, M.  Dubois, Examen de la géogr. de Strabon, p. 253 et suiv.

  1. En particulier sur la latitude de Marseille, malgré les objections de Strabon.
  2. Περὶ λιμένων, Περὶ νήσων, Σταδιασμον. Cf. Strabon, IX, p. 421 (Susemihl, I, p. 660).
  3. C. Müller, Fragm. Hist. gr., II, p. 225-268.