Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
119
LES PÉRIÉGÈTES ; POLÉMON

composition, dont Photius vante le style original, soigné sans pédantisme et sans affectation[1].


Voici maintenant le groupe des périégètes, c’est-à-dire des guides, des explicateurs, qui s’attachent à faciliter la connaissance des pays helléniques aux voyageurs de plus en plus nombreux attirés dans les villes célèbres par leurs affaires ou par la curiosité[2]. Ces périégètes furent nombreux et de valeur inégale. Aux descriptions topographiques ou archéologiques, ils joignaient des légendes locales, des anecdotes, des détails de mœurs ; ils racontaient l’origine des monuments et des sanctuaires ; ils savaient le nom des artistes qui avaient bâti les temples ou enrichi les villes de statues et de tableaux. Toute cette science était souvent de très médiocre aloi ; la frivolité de leur bavardage est tournée en ridicule par Lucien. Littérairement, ils ne valaient guère mieux. Dans la foule de ces compilateurs sans critique et sans talent, quelques-uns cependant ont eu du mérite et sont devenus justement célèbres. L’un des principaux fut Polémon, né vers la fin du iiie siècle dans un bourg de la nouvelle Ilion, et qui fit de nombreux voyages dans tout le monde grec[3]. Il reçut le droit de cité ou la proxénie dans un certain nombre de villes dont il avait décrit les merveilles. Ses ouvrages étaient fort nombreux. Les uns étaient proprement descriptifs : par exemple ses livres Sur l’Acropole d’Athènes, Sur la Voie sacrée, Sur le Portique de Sicyone, Sur les trésors de Delphes, Sur les

  1. C. Müller, Fragm. Hist. gr., III, 190-197. — Cf. Photius, cod.
  2. On les appelait aussi exégètes, ou, s’ils s’occupaient spécialement des sanctuaires, mystagogues.
  3. Notice de Suidas. Notice et fragments dans C. Müller, Fragm. Hist. gr., III, p. 108-148. Cf. Egger, Polémon le voyageur archéologue (dans les Mém. d’Hist. anc. et de Philol.), p. 15-57. Cf. aussi Foucart, Revue de Phil., 1878. p. 215-216, et Susemihl, I, p. 665-676.