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ÉRATOSTHÈNE

sur les latitudes et les longitudes, sur la situation relative des pays, sur les phénomènes constatés par les explorateurs. On voit, par divers passages de Polybe et de Strabon[1], qu’il s’attachait de préférence aux mesures géométriques, aux observations astronomiques ; qu’il acceptait, par exemple, les idées de Pythéas sur la latitude de Marseille et les théories de Dicéarque sur la configuration du Péloponnèse : en quoi il faisait preuve encore de plus d’esprit scientifique que Polybe lui-même et que Strabon. — Enfin, dans le troisième livre, il donnait un aperçu de la géographie politique de son temps. — Le tout était accompagné d’une carte géographique. On sait qu’Anaximandre passait pour avoir eu le premier, en Grèce, l’idée de dresser une carte de la terre : celle d’Ératosthène devait permettre de mesurer facilement d’un coup d’œil l’immensité des progrès accomplis depuis le vie siècle.

Ses recherches sur la chronographie (Περὶ Χρονογραφιῶν), n’étaient pas moins remarquables que les précédentes, à la fois par l’étendue des informations et par la fermeté hardie de la critique. C’est Ératosthène qui semble avoir dit nettement pour la première fois que l’âge historique commençait avec les Olympiades, et que les âges précédents étaient ou totalement inconnus ou mythiques[2]. Il avait essayé cependant de porter quelque lumière dans ces demi-ténèbres du mythe. Il avait interrogé les documents égyptiens[3]. Il avait déployé, dans l’appréciation des dates relatives à Homère et à Hésiode, une critique très ingénieuse et très fine[4].

Son système chronologique, qui va de la guerre de Troie à son temps, était devenu classique dans l’anti-

  1. Polybe, XXXIV, 2, 11 ; 3, 4 ; Strabon, II, 4.
  2. Fragm. 2 (C. Müller).
  3. Fragm. 1.
  4. Fragm. 5.