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CHAPITRE III. — RHÉTORIQUE, HISTOIRE, ETC.

quité, et l’est resté jusqu’à nos jours[1]. Chemin faisant, d’ailleurs, il éclaircissait une foule de problèmes particuliers, et son livre abondait en informations de détail, aussi bien sur l’histoire littéraire que sur l’histoire politique[2]. La hardiesse de sa critique allait parfois jusqu’à effrayer, parmi ses successeurs, de bons esprits comme Arrien[3] : elle ne nous semble, en général, que judicieuse et ferme[4].

Sur le mérite littéraire des écrits d’Ératosthène, nous ne savons à peu près rien. Nous pouvons tout au plus conjecturer, d’après les passages cités plus haut sur Homère, qu’il ne manquait ni de verve ni de finesse. Mais ce qu’on peut affirmer avec certitude, c’est qu’il a été, avant Hipparque, l’un des plus illustres représentants de la science alexandrine[5].

IV

L’histoire des œuvres de l’esprit humain (philosophie, lettres, beaux-arts) est encore comme une annexe de l’histoire proprement dite, et une annexe qui se construit dans la période alexandrine. C’est dans l’école d’Aristote surtout que la curiosité pour les faits de cet ordre semble avoir été d’abord ressentie.

Rappeler, au début de chaque nouvelle étude, les opinions de ses prédécesseurs, était une pratique constante

  1. Fragm. 3. Cf. Denys d’Halic., Arch. Rom. I, 46 : ὅτι δέ εἰσιν οἱ κανόνες ὑγιεῖς οἴς Ἐ. κέχρηται, etc.
  2. Fragm. 9, 11, 14, 15.
  3. Fragm. 18.
  4. Ou même un peu timidement subtile, quand elle imagine, par exemple, deux Événos de Paros (fragm. 11), pour concilier des traditions divergentes.
  5. Sur Hipparque, voir plus bas, chap. VI.