Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
141
ARISTOXÈNE

source féconde de renseignements pour la postérité. Ces ouvrages d’Aristoxène étaient encore classiques au temps de Plutarque[1], et même au temps de saint Jérôme[2]. Mais c’est surtout comme théoricien de la musique qu’Aristoxène fut une autorité de premier ordre. On l’appelait ὁ μουσιϰός. Il avait composé, sur cette matière, de nombreux écrits. Les plus importants étaient ses Élements harmoniques, dont il nous reste trois livres, et ses Éléments rythmiques, dont nous n’avons plus que des fragments, mais très instructifs et très précieux. Aristoxène avait traité ces sujets en musicien et en disciple d’Aristote. Il fondait sa théorie sur l’analyse directe des faits, qu’il constatait en praticien expérimenté et qu’il étudiait avec la rigueur, la précision, la clarté de style dont son maître lui avait donné l’exemple. D’une nature plutôt sévère et un peu triste, d’un goût ferme et sobre, il condamnait les affectations de la musique contemporaine et cherchait à remettre en honneur le grand art classique, celui des Pindare, des Eschyle, des Sophocle. Il n’est pas douteux qu’Aristoxène ne fût à la fois un très savant homme et une très vigoureuse intelligence. Comme écrivain, il avait au moins le mérite de la simplicité la plus précise et la mieux appropriée aux sujets qu’il traitait[3].

Les mathématiques pures et appliquées, auxquelles

  1. Plutarque, Moralia, p. 1093, C.
  2. Saint Jerôme, préface de son Histoire ecclésiastique.
  3. Sur les successeurs d’Aristoxène, cf. Susemihl, II, pp. 218-237. Le grand défaut de beaucoup d’entre eux est d’avoir étudié la métrique en dehors de la rythmique, c’est-à-dire la quantité apparente des syllabes au lieu de leur valeur vraie dans les poèmes destinés à être chantés. De là tant d’absurdités chez les métriciens postérieurs, comme, par exemple, le nom de pentamètre donné à un vers qui, réellement, comptait six pieds ou mesures. Mais tout cela n’a plus rien de commun avec la littérature proprement dite.