Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
146
CHAPITRE III. — RHÉTORIQUE, HISTOIRE, ETC.

particuliers de son sujet. Comme aucun de ces écrits n’a survécu et qu’aucun même de leurs auteurs n’a laissé dans l’histoire littéraire une trace appréciable, nous n’avons pas à nous en occuper davantage. La seule chose intéressante à noter, à propos de cette floraison exubérante d’écrits techniques, c’est le fait même de cette floraison, c’est ce besoin de savoir, de cataloguer des faits, de les mettre dans des traités, qui s’empare alors de l’esprit grec, et qui est dû certainement en grande partie à l’existence même de la bibliothèque d’Alexandrie, c’est-à-dire aux habitudes nouvelles que suscite ce prodigieux entassement de livres : il y a désormais un public de lecteurs pour tous les écrits, et, par conséquent, il y a des écrivains, bons ou mauvais, mais toujours séduisants par quelque endroit pour une curiosité devenue insatiable.

VII

Au milieu de tant d’érudition, de savoir positif et souvent aride, on découvre avec surprise que, même en prose, l’imagination ne perd pas facilement tous ses droits. Elle se glisse, à vrai dire, trop souvent jusque dans la science, pour la gâter, par exemple chez les périégètes et chez les nombreux auteurs de mirabilia. » Mais, de plus, elle se réserve un domaine à part, un domaine en partie nouveau, mal délimité encore et mal défriché, qu’elle s’efforce de mettre en valeur : c’est le domaine du roman, ou, pour mieux dire, du romanesque, car le roman proprement dit, sous sa forme pure et spécifique, est le dernier terme d’une évolution alors commençante et incertaine[1].

  1. Cf. Erwin Rohde, Der griechische Roman, Leipzig, 1876 (surtout p. 194-241).