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ASCLÉPIADE DE SAMOS

œuvres de différentes sortes, et notamment des poésies lyriques : deux mètres lyriques fréquemment employés par Horace, le grand et le petit asclépiade, lui doivent leur nom ; ce n’est pas qu’il les eût inventés, car les poètes de Lesbos les avaient déjà connus ; mais Asclépiade en avait probablement régularisé la facture[1], et il les remit à la mode. L’allusion de Théocrite semble viser également en lui le poète lyrique. Ce côté de son talent nous est aujourd’hui tout à fait inconnu, mais, quelle que fût sa réputation de poète lyrique, c’est surtout comme auteur d’épigrammes qu’il fut célèbre[2], et cette gloire était certainement méritée. Les dix-huit épigrammes qui nous ont été conservées sous son nom dans l’Anthologie Palatine, même en faisant la part des fausses attributions (deux ou trois peut-être), nous le font assez bien connaître. Or plusieurs sont vraiment exquises, et le charme de ces petits poèmes, à leur apparition, dut sembler très nouveau, sinon par le fond, du moins par la forme. Trois ou quatre seulement de ces épigrammes sont des dédicaces d’offrandes (ἀναθήματα) faites à une divinité. Quelques-unes sont des inscriptions (vraies ou fictives) destinées à des statues. La plupart sont de charmantes confidences où le poète nous dit ses souffrances amoureuses, la grâce de l’objet aimé, les mérites d’un poète lu et relu. La mythologie y tient peu de place. Les souvenirs littéraires et l’imitation proprement dite, mais ingénieuse et neuve, s’y rencontrent souvent. Ce qui en fait le grand mérite et la nouveauté, c’est la finesse spirituelle du tour, l’élégance vive de l’image, le soin délicat du style, la netteté scrupuleuse du rythme et de la versification. Les

  1. En rendant le spondée obligatoire au début du vers.
  2. Le scholiaste de Théocrite, VII, 40, l’appelle : Ἀσκληπιάδην τὸν ἐπιγραμματοποιόν.