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CHAPITRE IV. — LA POÉSIE ALEXANDRINE

un tableau charmant. La colère de la mère qui veut faire punir son fils, dans le mime III, semble un peu excessive ; en revanche, dans le mime IV, celle de la maîtresse jalouse de son esclave, mais qui, malgré sa fureur, saisit pourtant le premier prétexte pour pardonner sans trop avoir l’air de céder à sa propre faiblesse, est d’une observation très délicate. Et quant au simple caquetage des commères dans les autres mimes, sans avoir la saveur exquise de celui des Syracusaines, il est encore très joli et très vrai.

En somme, Hérodas est un fort agréable écrivain, très peu poète quoiqu’il ait écrit en vers, mais spirituellement observateur et vrai.

III

La pure poésie entre dans le réalisme grâce à deux hommes qui, par des voies différentes et avec des mérites inégaux, vont cependant au même but : deux artistes exquis, Théocrite et Léonidas de Tarente.


Théocrite, fils de Praxagoras, naquit probablement à Syracuse[1]. Quelques-uns, selon Suidas, disaient qu’il était de Cos, ce qui s’explique par le long séjour qu’il fit dans cette île. Mais les meilleures autorités l’appellent « Syracusain »[2], et c’est évidemment par son ori-

  1. Suidas, Θεόκριτος ; Vie anonyme. — Sur les mss. et les éditions de Théocrite, v. la Bibliographie en tête du chapitre. — Sur l’ensemble de sa vie et de son œuvre, voir Couat, Poésie Alexandrine ; J. Girard, Études sur la poésie grecque ; Susemihl, I, p. 190 et suiv., et surtout E. Legrand, Étude sur Théocrite, Paris, 1898 (vaste ensemble de recherches consciencieuses et pénétrantes). Bel article de Sainte-Beuve, Portraits Littéraires, t. II.
  2. Athénée, VII, p. 284, A, et surtout l’épigramme 22 (14, dans Ahrens, ed. minor), qui n’est pas de lui, mais qui est certaine-