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SES ŒUVRES

conséquent de l’impartialité rigoureuse de l’histoire, d’ailleurs plus précis sans doute et plus technique que ne l’étaient la plupart des écrits de ce genre. Dans les dernières années de sa vie, il composa aussi un récit de la prise de Numance par Scipion (133) ; peut-être avait-il accompagné Scipion dans cette campagne[1]. Enfin on cite encore de lui un ouvrage géographique (Περὶ τῆς περὶ τὸν ἰσημερινὸν οἰκήσεως)[2], qui n’était sans doute qu’un extrait du livre XXXIV de sa grande Histoire. Celle-ci, en quarante livres, est son œuvre capitale, et de celles qui font époque dans l’évolution générale de la science historique. La composition de cet immense ouvrage dut occuper la plupart des années de sa maturité. Il eut le temps non seulement de le finir, mais encore d’y ajouter cette sorte d’épilogue, l’Histoire de la prise de Numance.

Le titre de son ouvrage est Ἱστορίαι. Le sujet, c’est l’histoire des soixante-quinze années qui s’écoulent entre le début de la seconde guerre punique (221) et la prise de Corinthe (146). Mais ce sujet ne commence qu’avec le troisième livre ; Polybe a écrit, en guise d’introduction, deux livres préliminaires sur les événements qui se sont passés de 264 à 221, c’est-à-dire depuis le commencement de la première guerre punique. De cette façon, son histoire fait suite, dans son ensemble, à l’ouvrage de Timée, qui allait jusqu’à l’année 264, et, dans sa partie essentielle, il continue celui d’Aratos de Sicyone, qui s’arrêtait à l’année 221. Ces circonstances, que Polybe rappelle lui-même[3], ont pu contribuer à déterminer le choix de son sujet. Mais d’autres raisons plus fortes, tirées de la nature des choses, devaient l’y pousser. La période dont il a entrepris de

  1. Cicéron, Epist., V, 12, 2.
  2. Geminus, Εἰσαγωγὴ εἰς Ἄρατον, 13 (p. 54, D).
  3. Polybe, I, 3, 2, et 5, 1.