Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/316

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
298
CHAPITRE VI. — LES GRECS À ROME

tômes de changement que nous avons à démêler, au milieu d’une production abondante et d’ailleurs assez semblable, en ses traits essentiels, à celle des deux siècles précédents. Les écrivains continuent d’être nombreux, mais l’originalité, sinon le talent, reste rare. C’est toujours la curiosité qui domine ; les sciences et l’érudition sont exubérantes : elles poussent même des branches nouvelles. La philosophie, fort riche aussi, au moins par le nombre des écrits, fait entendre çà et là des accents nouveaux, et dans la rhétorique, enfin, on discerne, au milieu de beaucoup de choses traditionnelles, quelques traces d’une évolution.

I

C’est à cette période de l’Alexandrinisme finissant qu’appartient l’honneur d’avoir produit le plus grand astronome de l’antiquité, Hipparque, de Nicée en Bithynie[1]. Le temps de la vie d’Hipparque est déterminé avec une grande certitude par la date connue de ses observations astronomiques[2], comprises entre 161 et 126. La plupart de ces observations ont été faites à Rhodes, dont le nom commence dès lors à paraître fréquemment dans l’histoire des choses intellectuelles. On ne sait s’il vécut longtemps à Alexandrie. Hipparque fut un travailleur infatigable. Il avait beaucoup calculé, et beaucoup écrit. De ses ouvrages, il ne nous reste qu’un Commentaire des Phénomènes d’Aratos, en 3 livres, qui est considéré en général comme un ouvrage de jeunesse[3]. Mais ses principales découvertes nous sont assez bien connues par

  1. Strabon, XII, 4, § 9 ; Suidas, Ἵππαρχος ; Élien, Hist. Anim., VII, 8.
  2. Ptolémée, Almageste, II, 2 ; V, 3 ; VII, 2.
  3. Édition récente, avec traduction allemande et excursus, par C. Manits, dans la Bibl. Teubner (1894).