Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/327

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
309
PANAITIOS ; POSIDONIOS

dernières années à Athènes. Bien que stoïcien de profession, Panaitios n’est pas un sectateur servile de toutes les traditions du stoïcisme : c’est un esprit libre et délicat, qui prend son bien partout où il le trouve, chez les plus grands esprits de toutes les écoles. Il admire Platon, qu’il appelle l’Homère des philosophes[1], et il accepte beaucoup de ses idées, tout en repoussant les théories du Phédon[2] ; il cite sans cesse Aristote, Crantor, Théophraste, Démétrios de Phalère, auxquels il fait des emprunts[3]. Dans son style aussi, à la différence de la plupart des stoïciens, il vise à plaire et se pique de parler la langue des honnêtes gens[4]. Il avait composé de nombreux ouvrages, notamment Sur le devoir (Περὶ τοῦ καθήκοντος), Sur la providence (Περὶ προνόιας), Sur la politique (Περὶ πολιτείας). On sait combien Cicéron les goûtait et combien il s’en inspira. Il est très regrettable que nous n’ayons plus le moyen de nous en faire une idée sur le peu de fragments qui nous en restent. Mais on ne risque guère de se tromper si l’on imagine l’auteur de ces traités comme une sorte de Cicéron grec, moins orateur probablement et moins « consulaire », mais d’une simplicité très élégante et très agréable, un imitateur habile des modèles attiques.


Posidonios, d’Apamée (en Syrie), fut l’élève de Panaitios[5]. De grands voyages d’exploration, dans l’Occident, l’amenèrent à Rome, où il se lia avec les personnages les plus considérables ; il s’établit ensuite à Rhodes, où

  1. Cicéron, Tusc. I, 32, 79.
  2. Il allait même, dit-on, jusqu’à nier l’authenticité du Phédon (David, Schol. in Aristot., 30 B, 8 et suiv.). Mais il faudrait savoir de quel ton il disait cela.
  3. Cicéron, Fin. IV, 38, 79.
  4. Cicéron, ibid., et De Offic. II, 10, 35.
  5. Suidas, Ποσειδώνιος. Cf. Susemihl, II, p. 128-147, et Schmekel, Phil. der mittleren Stoa, p. 9-14, 104-154 et 238-290. — Fragments dans C. Müller, Fragm. Hist. gr., t. III.