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DIODORE DE SICILE

lettres et des arts, à laquelle il a eu la bonne idée de faire une place çà et là, est étrangement traitée par lui, selon le hasard de ses informations : il parle de Philoxène et de Timothée (XIV, 46), et il a raison ; mais il ne nomme pas Euripide, et il ne mentionne Eschyle qu’à propos de son frère.

Comme écrivain, son principal mérite est d’être clair. Il écrit avec une facilité banale, dans une langue sans couleur[1]. Sans cesse, il se sert des mots abstraits et vagues qui remplaçaient alors dans l’usage les manières de dire précises et vivantes d’autrefois. Dans l’exposé des faits, il est plutôt sec ; dans ses préfaces, lorsqu’il énonce des considérations générales, il n’est pas exempt d’emphase. Louons-le du moins de n’avoir pas abusé des harangues (XX, 1).

En somme, Diodore nous fait sentir très vivement à quel point la littérature grecque avait alors besoin de se relever par le sentiment de l’art. Ce sentiment est chez lui aussi faible que possible ; il n’était pas plus fort chez la grande majorité de ses compatriotes. Mais une réaction commençait à sc dessiner ; et nous avons maintenant à en suivre le développement, d’abord lent et obscur, puis rapide et décisif.

II

On a vu combien l’art d’écrire avait été négligé par les philosophes et par un certain nombre d’historiens dans la fin de la période précédente, et d’autre part quelle fâcheuse tendance se manifestait dans la rhétorique d’alors. L’éloquence dite Asiatique avait paru quelque

  1. Il a soin d’éviter l’hiatus : cela faisait presque partie alors du bon ton : Leipzig. Stud., III, 303, dissert. de Kaelker, De hiatu in libris Diodori.