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CÉCILIUS

berté d’esprit et une intelligence de l’histoire littéraire qui n’étaient pas communes dans le milieu où il vivait.

Professeur en même temps que critique, Cécilius avait écrit sur diverses parties de la rhétorique, notamment un Traité des Figures (Περὶ σχημάτων), qui est plusieurs fois cité par Quintilien et par les rhéteurs qui se sont occupés du même sujet[1]. Son livre Sur le Sublime (Περὶ ὕψους) donna plus tard naissance à l’ouvrage bien connu sur le même sujet, dont nous parlerons tout à l’heure. D’après les témoignages du faux Longin, Cécilius s’y attachait trop à définir le sublime, et ne se préoccupait pas assez d’enseigner les moyens de l’atteindre. Avait-il vraiment tort en cela ? Il est permis d’en douter. Il étudiait les sources artificielles du sublime, c’est-à-dire le choix des mots, les figures (particulièrement les métaphores), la construction des phrases ; par contre, il négligeait ses sources naturelles, notamment la passion, peut-être parce qu’il estimait sagement que ce n’était pas là matière à enseignement. Il citait de nombreux exemples, et, en les appréciant, faisait preuve d’un goût qui paraît avoir été parfois un peu timide ou étroit ; mais, après tout, son atticisme, rendu très sévère par le dédain qu’il professait pour les orateurs de la décadence asiatique, avait souvent raison contre la fausse rhétorique et le bel esprit des Timée et des Théopompe[2]. Au fond, la pensée générale de Cécilius, dans ce livre, semble avoir été de montrer à ses contemporains que la vraie grandeur, en matière de style, était toujours simple et raisonnable, qu’elle excluait tout ce qui était contourné, démesuré, paradoxal, les néologismes, les mots extraordinaires, les accumulations de mé-

  1. Quint., IX, 3, etc. Walz, Rhet. gr., t. VIII, p. 462, 494, 555, 571, 573, 576.
  2. Pour tout ce qui est dit ici de ce traité, voir Ps. Longin, Sublime, ch. i, iv, vii, xxxi, xxxii.