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STRABON ; SA VIE

De l’homme même, nous ne savons que fort peu de chose[1]. Né à Amasée dans le Pont, vers l’an 60 avant J.-C., il appartenait à une famille grecque qui avait eu autrefois des relations avec les rois du pays. Sa fortune lui permit, non seulement de recevoir une éducation libérale et complète, mais, plus tard, de voyager à son gré. Il fréquenta, — sans que nous puissions dire à quelles dates précises ni dans quel ordre, — les écoles de Nysa en Carie, de Rome, d’Alexandrie. Il eut pour maîtres, d’abord le grammairien et rhéteur Aristodème de Nysa ; puis son compatriote, le savant philologue Tyrannion d’Amasée, amené à Rome par Lucullus, et à qui Cicéron confia la première éducation de ses fils ; enfin le philosophe péripatéticien Xénarque de Séleucie. Il est impossible de dire aujourd’hui quelle fut en lui la part d’influence de chacun de ces maîtres. Strabon d’ailleurs en eut d’autres encore, dont nous ignorons les noms, mais auxquels il dut peut-être davantage : car il se donne partout pour stoïcien, et nous ne savons pas qui l’initia au stoïcisme[2]. Ajoutons qu’à n’en pas douter il se forma en grande partie lui-même par ses lectures et par ses voyages. Un instinct d’historien et de géographe le poussa à visiter une grande partie de l’Empire[3]. Il vit l’Asie Mineure jusqu’à l’Arménie, les îles grecques,

  1. Marcel Dubois, ouv. cité, ch. 1. Nous n’avons sur Strabon qu’une notice de deux lignes dans Suidas. Toutes les informations doivent être tirées de sa Géographie. Cf. Hasenmüller : De Strabonis vita, Bonn, 1863, et B. Niese, Beiträge zur Biographie Strabo’s, Hermès, XIII.
  2. Selon Athénée, XIV, p. 657, il aurait connu Posidonios. Mais Posidonios avait 84 ans en 31, quand Strabon n’en avait guère que 9 ou 10. À supposer que le vieux stoïcien ait encore vécu quelques années et que Strabon ait eu un peu plus tard l’occasion de l’entendre, il n’est pas possible qu’il y ait eu entre eux des rapports suivis.
  3. Marcel Dubois, p. 76-84. Schrœter, De Strabonis itineribus, Lipsiæ, 18714. — Voir son propre témoignage, Géogr., II, 5, 11.