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CHAPITRE II. — D’AUGUSTE À DOMITIEN

dont il nous reste d’intéressants fragments[1] ; — Athénodore de Tarse, le philosophe stoïcien, maître d’Auguste, auteur d’une histoire de sa ville natale[2] ; — Memnon, dont Photius nous a conservé un assez long fragment sur l’histoire d’Héraclée[3] ; — enfin Ménandre d’Éphèse, qui traduisit du phénicien en grec les archives de Tyr et qui est souvent cité par Joseph[4].

Mais, au-dessus d’eux, il faut placer un auteur d’histoire universelle, le Syrien Nicolas de Damas, qui nous introduit à la cour moitié juive, moitié grecque d’Hérode le grand[5]. Né en 64 av. J.-C., à Damas, il était fils d’un certain Antipater, homme actif et disert, qui semble avoir fait fortune comme orateur, soit dans les écoles, soit dans les tribunaux. Par les soins de ce père riche, instruit et intelligent, il reçut une éducation brillante dans les écoles grecques de son pays, et se distingua dès sa jeunesse, ainsi que ses frères, dans cette société frivole autant que lettrée[6]. Il hésitait alors sur la direction future de sa vie, fit des tragédies et des comédies, puis se décida pour la philosophie et embrassa les doctrines péripatéticiennes. Nous ne savons quelle circonstance au juste le mit en rapport avec Hérode, devenu roi des Juifs en 40 par la faveur du triumvir Antoine. Toujours est-il qu’il gagna bientôt sa confiance et finit par devenir son secrétaire, puis son confident[7]. Habile

  1. C. Müller, Fragm. Hist. gr., III, p. 493.
  2. Ibid. p. 485.
  3. Ibid. p. 525.
  4. Antiq. Juive, viii, 5. 3 ; Contre Apion, 1, 18.
  5. Sources biographiques : 1o  Suidas, Ἀντίπατρος, Νικόλαος ; 2o  fragments d’une autobiographie, Περὶ τοῦ ἰδίου βίου, écrite par Nicolas dans sa vieillesse ; 3o  divers témoignages, chez Strabon, Joseph, Athénée, Photius. — C. Müller, Fragm. Hist. gr., II, p. 343.
  6. C’est lui-même qui nous parle de ses succès. Nous n’avons aucun moyen de contrôler ses dires et nous ne devons pas oublier son extrême vanité, qui se montre partout.
  7. Constantin, De Themat., I, 3 (éd. de Bonn, p. 22) : γεγονὼς