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JUBA, APION

sur l’histoire du théâtre (Θεατρικὴ ἱστορία)[1], qui comprenaient au moins dix-sept livres, Juba faisait l’histoire des instruments de musique, des danses, des chants, des rôles et de leur attribution, en un mot de toutes les parties du matériel et de l’organisation du théâtre. Il est probable qu’une partie de la substance de ce livre a passé sans nom d’auteur dans nos scolies et dans le lexique de Pollux. Nous n’en devons pas moins regretter un si précieux recueil de renseignements.

Bon nombre d’ouvrages de ce genre avaient leur principale raison d’être dans le pédantisme des gens oisifs qui formaient alors la société. Un peu plus tard, des recueils tels que les Propos de table de Plutarque, les Nuits attiques d’Aulu-Gelle accuseront plus vivement encore ce goût, qui se développa promptement, quand on cessa de s’intéresser aux affaires publiques. On avait besoin, pour alimenter les conversations, d’une ample provision d’anecdotes, de faits curieux, de bons mots ; les livres qui les versaient ainsi à profusion étaient nécessairement les bienvenus. Mais il faut reconnaître que l’histoire de la littérature n’a vraiment que peu de chose à en tirer. Aussi, entre les nombreux érudits dont on pourrait donner ici la nomenclature, il suffira de mentionner Apion et Pamphila, qui, l’un et l’autre, représentent assez bien cette tendance.

Apion, Grec alexandrin d’origine égyptienne, fut le disciple d’Apollonios et le successeur de Théon dans la chaire de grammaire d’Alexandrie[2]. Il enseigna aussi à Rome, sous les règnes de Tibère et de Claude. Son opiniâtreté d’érudit l’avait fait surnommer Μόχθος, « Labeur ». Aussi vaniteux d’ailleurs que savant, il avait l’ambition de faire le plus de bruit possible dans le

  1. Athén., IV, p. 175 D. Photius, 161, cite le XVIIe livre.
  2. Pauly-Wissowa, Real. encycl., Apion, 3. — Suidas, Ἀπίων ὁ Πλειστονίκου. Sur son origine égyptienne, voir Joseph, C. Apion, II, 3.