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CHAPITRE II. — D’AUGUSTE À DOMITIEN

eu part, en quelque degré, au mouvement littéraire du temps.

C’est dans les cinquante années qui ont immédiatement précédé l’ère chrétienne, que les écrits néopythagoriciens ont commencé à se répandre dans le monde et qu’ils semblent avoir surtout abondé[1]. L’école pythagoricienne proprement dite avait disparu depuis trois cents ans. Mais une bonne part de l’esprit du maître, sensiblement altérée d’ailleurs, avait survécu dans les mystères orphico-pythagoriciens et dans une discipline traditionnelle qui constituait la vie dite pythagoricienne. Au ier siècle, cet élément se réveilla sous diverses influences. Le Pythagorisme avait pour lui d’être une école d’autorité dogmatique et de discipline morale sanctionnée par une croyance religieuse. Il convenait, par là même, à un grand nombre d’âmes, éprises de règle et de certitude. Sa raison d’être, lorsqu’il reparut, ce fut d’offrir satisfaction à ceux que la philosophie attirait par sa noblesse et décourageait par ses incertitudes. Il leur apporta un enseignement simple et pratique, qui empruntait à Platon, à Aristote, aux Stoïciens ce qu’ils avaient de plus élevé, qui fondait tout cela en une doctrine courte et substantielle, très affirmative, appuyée sur l’autorité prétendue de Pythagore et de ses disciples immédiats, et qui aboutissait à des préceptes de vie précis, sévères, et raisonnables pourtant dans leur austérité.

Il est probable que cette philosophie se forma vers le commencement du ier siècle av. J.-C. à Alexandrie[2]. Nous la voyons admise à Rome, un peu plus tard, dans

  1. Sur l’école néopythagoricienne, consulter Zeller, ouv. cité, t. V, p. 79 et suiv. — Les fragments sont réunis dans Orelli, Opuscula græcorum veterum sententiosa, t. II et dans Müllach, Fragmenta philosoph. græcor., t. I et II (Bibl. Didot).
  2. Zeller, p. 98. Cf. Susemihl, Griech. Liter. in der Alexandriner-zeit, t. II, p. 332.