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CHAPITRE II. — D’AUGUSTE À DOMITIEN

fluence ne se borne pas là. Philon a été lu par tous les Pères de l’Église grecque, et, comme écrivain, il est un des maîtres dont ils procèdent tous, directement ou indirectement. C’est chez lui que nous voyons apparaître la prose religieuse de l’Orient hellénique, avec ses caractères déjà manifestes, son lyrisme biblique, sa pompe et sa douceur brillante, sa subtilité aussi, ses grâces un peu prétentieuses et molles, son mysticisme enfin et sa spiritualité passionnée[1]. On ne peut nier que ce ne soit là une forme d’art très intéressante en elle-même, dont l’influence s’est perpétuée, par la diffusion du christianisme, jusque dans les temps modernes.

XI

Tandis que la philosophie, dès le temps de Tibère, de Caligula et de Claude, se préparait ainsi à de nouvelles destinées, l’histoire, depuis Strabon, végétait en somme assez misérablement dans des écrits sans relief et sans importance. Les règnes de Caligula, de Claude, de Néron lui furent, comme on l’a vu plus haut, peu favorables. Mais sous la dynastie flavienne, c’est-à-dire dans les trente dernières années du premier siècle environ, elle redevient pour nous un intéressant sujet d’études, grâce à l’écrivain juif Joseph.

    si l’on veut analyser les origines de la pensée chrétienne, est de plus en plus généralement admise. » Photius, Bibl., 105 : ἐξ οὖ εἶμαι καὶ πᾶς ὁ ἀλληγορικὸς τῆς γραφῆς ἐν τῇ ἐκκλησίᾳ λόγος ἀρχὴν ἔσχεν εἰσρυῆναι. Voir particulièrement sur ce sujet le chapitre d’E. Havet sur Le judaïsme alexandrin et Philon, dans le tome III de son ouvrage Le Christianisme et ses origines, Paris, 1878.

  1. Renan, Hist. du peuple d’Israël, t. V, p. 352 : « Le premier, il a dit des mots admirables, à la fois grecs et juifs, exprimant de très belles choses, et qui sont restées dans la tradition religieuse de l’humanité. »