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FL. JOSEPH ; SA VIE

Il y avait alors près de deux cents ans que l’histoire du peuple juif était vraiment entrée dans le cercle des connaissances helléniques. Et toutefois aucun grand ouvrage d’ensemble ne l’avait encore mise, comme un tout, à la portée des Grecs instruits et curieux. L’extension du judaïsme à travers le monde gréco-romain rendait une œuvre de ce genre chaque jour plus désirable. On rencontrait les Juifs sur tous les points de l’Empire, partout organisés en communautés, gardant leurs lois, leurs mœurs, leur religion, partout actifs et industrieux. Il était naturel qu’on désirât savoir qui ils étaient, comment ils avaient vécu jusque-là, d’où leur venaient ces lois si particulières, en un mot quel était leur passé, en tant que race et nation. La guerre furieuse qui éclata en Judée sous Néron donna encore à ces questions un intérêt beaucoup plus vif ; et quand le général qui avait commencé cette guerre fut devenu lui-même empereur, quand son fils, Titus, y eut mis fin, en 70, par la prise de Jérusalem après un siège mémorable, il arriva que l’histoire des Juifs se trouva liée jusqu’à un certain point à celle de la nouvelle dynastie, puisque la gloire de Vespasien et celle de Titus provenaient surtout de leur triomphe judaïque.

Or, justement en ce temps, un homme put se croire désigné par les circonstances pour devenir l’historien de la Judée.

Issu d’une famille sacerdotale, Flavius Joseph naquit à Jérusalem en l’an 37 ap. J.-C.[1] Par les soins de son père Matthias, il reçut dans sa ville natale une éducation qui dut être exclusivement juive[2]. De seize à dix-neuf

  1. La principale source de la vie de Joseph est son Autobiographie. Voyez aussi les deux notices de Suidas.
  2. Antiq. juive, ch. xii, 2, où il explique comment il n’a pas appris le grec de bonne heure, et où il dit, en parlant de ses compatriotes : Μόνοις δὲ σοφίαν μαρτυροῦσι τοῖς τὰ νόμινα σαφῶς ἐπισταμένοις καὶ τὴν τῶν ἱερῶν γραμμάτων δύναμιν ἑρμηνεῦσαι δυναμένοις.