Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/457

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
439
FL. JOSEPH ; SA GUERRE DES JUIFS

Mais ce sont là, pour ainsi dire, des pièces de rapport, qu’il est facile d’éliminer. L’ensemble, dégagé de ces morceaux à effet, se recommande par des qualités sérieuses et fortes. Quant au style, on a vu qu’il n’appartenait pas entièrement à Joseph, puisqu’il déclare s’être fait aider quand il transcrivit son ouvrage en grec. Toutefois il a été au moins modelé d’après l’original, avec la participation active de l’auteur, et l’on y reconnaît certainement, sous la médiocrité correcte et soignée de la langue hellénistique, la netteté ferme de son esprit[1].

Tout en écrivant cette histoire de la dernière guerre, Joseph avait déjà conçu l’idée d’un autre ouvrage, bien plus étendu, où il ferait connaître aux Grecs l’ensemble des annales de son peuple[2]. Il fut encouragé dans ce dessein par le savant Épaphrodite, Grec instruit, qui jouit d’une haute fortune au temps des Flaviens[3] : et, malgré la difficulté qu’il éprouvait toujours à écrire dans une autre langue que la sienne[4], il se mit à l’œuvre et réalisa ce qu’il s’était proposé. Il nous apprend lui-même que l’ouvrage fut achevé la treizième année du règne de Domitien, c’est-à-dire en 94 : Joseph avait alors cinquante-sept ans[5].

L’Antiquité juive (Ἰουδαικὴ ἀρχαιολογία)[6], en vingt

  1. La Guerre des Juifs fut mise en latin dès le temps de S. Jérôme par son contemporain Rufin d’Aquilée. Elle fut également traduite, mais sans aucun souci d’exactitude, par S. Ambroise, qui ajouta et retrancha à son gré. Cette version a été connue au moyen âge sous le nom d’Hégésippe, altération du nom de Joseph.
  2. Antiq. juive, Préf., ch.  11.
  3. Ibid.
  4. Ibid. — Cf. l. XX, ch. xii : Καὶ τῶν ἑλληνικῶν δὲ γραμμάτων ἐσπούδασα μετασχεἷν τὴν γραμματικὴν ἐμπειρίαν ἀναλαβὼν, τὴν δὲ περὶ τὴν προφορὰν ἀκρίβειαν πάτριος ἐκώλυσε συνήθεια. Il veut dire évidemment ici qu’il a fini par acquérir la connaissance de la langue (γραμματικὴ ἐμπειρία), bien qu’il ait peine à la prononcer avec exactitude (ἡ περὶ τὴν προφορὰν ἀκρίβεια).
  5. Antiq. juive, l. XX, ch. xii, fin.
  6. C. Apion, I, 10.