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CHAPITRE II. — D’AUGUSTE À DOMITIEN

des Romains. Il n’y avait plus en eux ni vive fierté nationale, ni sincère attachement aux vieilles légendes, ni religion profonde, ni, d’une manière générale, assez d’indépendance individuelle pour qu’ils osassent exprimer avec éclat des sentiments profonds et hardis sur quoi que ce fût. Dans ces conditions, des hommes d’esprit pouvaient écrire des vers de société avec plus ou moins de race ; mais on eût vainement cherché parmi eux un poète digne de ce nom.

Arrêtons-nous d’abord un instant au recueil d’épigrammes qu’un macédonien, Philippe de Thessalonique, composa sous le règne de Caligula[1]. Thessalonique, capitale de la province de Macédoine, semble avoir été alors un centre littéraire de quelque importance. Philippe se proposa de compléter la Couronne de Méléagre (voy. ci-dessus, p. 257), en y ajoutant un choix des meilleures épigrammes publiées depuis la formation de ce premier recueil. Dans une courte dédicace, adressée à un certain Camille, il énumère les principaux auteurs qu’il avait jugé à propos d’y faire figurer[2] : Antipatros, Crinagoras, Antiphilos, Tullius Lauréas, Philodème, Parménion, Antiphane, Automédon, Zonas, Bianor, Antigone, Diodore et Évènos. Lui-même s’était adjoint à ces poètes ; car, il nous reste de lui environ 88 épigrammes, sans originalité bien marquée.

Les plus intéressants de ces versificateurs sont Philodème d’une part, dont il a été déjà question plus haut et sur lequel nous n’avons pas à revenir, et, d’autre part, Antipatros, Crinagoras et Antiphile.

Tous, bien qu’à divers degrés, se rattachent à Léonidas de Tarente, mais laissent sentir l’influence de la

  1. Pour cette date, voir Hillscher, Jahrbüch. f. Philol., Suppl. XVIII, 629 et sqq., qui corrige l’opinion divergente de Jacobs, Anthol. grecque, t. XIII, p. 934 ; celui-ci le plaçait à la fin du ier siècle. Cf. Pauly-Wissowa, art. Anthologia, 1.
  2. Anthol. Palatine (Stadtmüller), section IV, 2.