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POÉSIE DRAMATIQUE

faisait déjà grand tort à la tragédie. Et au début du second siècle, d’après le témoignage de Dion, on ne représentait guère les pièces classiques qu’abrégées, en laissant de côté toutes les parties chantées[1]. Il en était sans doute de même de la comédie. Nous ne connaissons pas non plus de poète comique de ce temps. Mais nous savons qu’on jouait des pièces de la comédie nouvelle en certaines circonstances, dans de somptueux banquets par exemple[2], et sans doute aussi sur les théâtres.

Toutefois, un genre voisin de la comédie, le mime, semble avoir eu alors un regain de succès. Dans la fin du règne d’Auguste probablement, ou sous Tibère, parut un homme, qui sut réunir à un haut degré les qualités de fantaisie, d’invention et d’observation satirique qui font le poète mimique, sans parler des dons propres de l’acteur, qu’il y joignait peut-être. C’est Philistion, de Pruse ou de Nicée, qui, malheureusement, nous est bien mal connu[3]. Suidas nous dit qu’il avait composé des comédies biologiques (κωμῳδίας βιολογικάς), c’est-à-dire sans doute des scènes qui imitaient la vie sous ses aspects ridicules, plutôt que des pièces à proprement parler. C’étaient donc des mimes sous un nom nouveau ; et il paraît en effet que quelques-unes au moins de ces comédies s’appelaient, d’un nom d’ailleurs obscur pour nous : Μιμοψηφισταί[4]. Philistion laissa la réputation

    git là de tragédies et de comédies destinées à être lues devant un auditoire de sophistes et comparables à celles de Sénèque.

  1. Dion Chrysost., Discours XIX, p. 487, Reiske : Τῆς τραγῳδίας τὰ μὲν ἰσχυρά ὡς ἔοικε μένει, λέγω δὲ τὰ ἰαμβεῖα· καὶ τούτων μέρη διεξίασιν ἐν τοῖς θεάτροις· τὰ δὲ μαλκῳτερα ἐξερρύηκε τὰ περὶ τὰ μέλη.
  2. Plutarque, Propos de table, VII, 8, ch. iii et iv.
  3. Suidas, Φιλιστίων, notice manifestement gâtée par des erreurs de plusieurs sortes.
  4. La notice de Suidas donne à penser que ces pièces furent réunies en un volume intitulé l’Ami du rire (ὁ φιλολγέλως) avec cette dédicace burlesque : Au barbier (Εἰς τὸν Κουρέα), sans doute parce que l’auteur entendait lui rendre ce qu’il lui avait emprunté.