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CHAPITRE II. — PHILOSOPHIE AU IIIe SIÈCLE

blances. Les Définitions de Speusippe sont en réalité des descriptions. Plusieurs de ses ouvrages portaient sur ces ressemblances des choses. De là des analyses minutieuses qui font songer à Aristote ou à Théophraste. — En métaphysique, il modifiait gravement la théorie des Idées : à l’Idée unique du Bien, source et cause de tout, il substituait les dix idées de Pythagore, rangées en cinq couples : fini et infini, pair et impair[1], etc. Aristote le rapproche souvent des Pythagoriciens. On sait le goût de Platon lui-même pour l’école de Pythagore. Ses disciples devaient aller plus loin dans la même voie. — Ainsi, dès le premier successeur du maître, il est facile de noter plus d’une fissure dans l’édifice de la doctrine platonicienne.


Xénocrate, qui remplaça Speusippe comme chef de l’école en 339, était né à Chalcédoine[2]. Il vint de bonne heure à Athènes et s’attacha à Platon. C’était un esprit lent, grave, opiniâtre, hautement moral, très doux, un peu lourd. C’est à lui que Platon adressait le mot célèbre : « Il faut sacrifier aux Grâces[3]. » Il disait aussi que Xénocrate avait besoin de l’éperon comme Aristote du mors[4]. Quand Démétrius Poliorcète forma les écoles de philosophie, Xénocrate sortit d’Athènes, et le poète comique Alexis salua son départ de ses railleries[5]. Il mourut en 314, laissant de nombreux écrits. Il avait composé, selon Diogène, des vers, des exhortations (παραινέσεις) et des traités (συγγράμματα). Chose curieuse, il n’y a plus de dialogues dans son œuvre ; chez un pla-

  1. Fragm. 195. Cf. Aristote, Métaph., I, 5.
  2. Diogène Laërce, IV, 6-25 ; Suidas. Fragments dans Mullach, t. III, p. 114-130.
  3. Θύε ταῖς χάρισι (Diog. L. IV, 6).
  4. Diog. L. V, 39.
  5. Athénée, XIII, p. 610.