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XÉNOCRATE, CRANTOR, ETC.

tonicien, le fait vaut la peine d’être noté. En revanche, on y trouve des exhortations à la manière d’Isocrate et des traités à la manière d’Aristote, sans parler des poèmes. Toutes ces œuvres nous sont aujourd’hui fort mal connues. Nous n’avons plus un seul vers de Xénocrate, et ses fragments en prose ne nous permettent pas de le juger comme écrivain. Mais ce qu’on y voit, c’est l’effort pour organiser la science, pour en distinguer méthodiquement les parties : la division classique de la philosophie en physique, éthique, dialectique, remonte, dit-on, a Xénocrate[1]. On voit aussi dans ces fragments combien il était parfois Pythagoricien de pensée et de langage ; un bon nombre d’entre eux ne sont que des variantes de la même idée : « l’âme est un nombre qui se meut, » ψυχὴ ἀριθμὸς ἑαυτὸν κινῶν.

Polémon et Cratès, qui sont les derniers scolarques de l’Ancienne Académie avant Arcésilas, sont moins connus que les précédents et ont laissé moins de vestiges encore[2]. Polémon est le héros d’une historiette morale souvent contée : dans sa jeunesse, il se livrait au plaisir ; un jour, excité par le vin, il entre par dérision dans la salle où parlait Xénocrate : celui-ci fait sa leçon sur la tempérance ; Polémon, étonné d’abord, bientôt confus, puis profondément touché, finit par se convertir et devient philosophe à son tour. Ni Polémon ni Cratès ne paraissent avoir beaucoup écrit. Diogène ne cite d’eux aucun ouvrage : ce sont avant tout des moralistes pratiques.

Tel est aussi le caractère de Crantor, qui ne fut pas

  1. Sextus Empir. Adv. Mathem., VII, 16.
  2. Diogène Laërce, IV, 16-20 et 21-23. Cf. Susemihl, Gesch. der Gr. Liter. in der Alexandrinerzeit, t. I, p. 116 et suiv.