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DION DE PRUSE ; SA VIE

selon Synesios, c’était, chose curieuse, la sincérité de l’auteur. Dion avait donc été un incrédule de bonne foi, en matière de philosophie, avant de devenir un croyant passionné. — Au même groupe, on peut rattacher quelques morceaux où Dion, sans aucune préoccupation d’enseignement moral, traite de matières littéraires. Tel le numéro 18 (Περὶ λόγου ἀσκήσεως), où il donne à un jeune homme destiné à la vie publique des conseils sur la manière de se former à l’éloquence, et lui recommande en particulier l’étude de Xénophon ; tel encore le numéro 52 (Περὶ Αἰσχύλου καὶ Σοφοκλέους καὶ Εὐριπίδου), où il compare la façon dont les trois grands poètes tragiques avaient traité le même sujet, à savoir l’ambassade des Grecs à Philoctète[1] ; tel enfin le numéro 55 (Περὶ Ὁμήρου καὶ Σωκράτους), où il essaye d’indiquer ce que Socrate a dû à Homère. Tous ces morceaux témoignent d’un goût juste et délicat, d’une critique réfléchie, curieuse et sincère[2]. — Le Discours aux Rhodiens (Ῥοδιακός, or. 31), qui semble bien appartenir aussi à cette période de la vie de Dion, marque la transition à une seconde manière. L’orateur blâme devant l’assemblée du peuple, à Rhodes, la coutume de désaffecter les statues par des changements de noms. Visiblement, il se souvient du Discours contre Leptine. Mais tout en faisant la part grande au sophiste qui imite, on ne peut nier qu’il n’y eût déjà en lui, dès ce temps, un philosophe, capable d’élever un médiocre sujet par des pensées hautes et sérieuses.

Les discours politiques appartiennent presque tous à

    blir, sans preuve décisive, que, dans cette polémique, Dion se rattachait aux vues de Vespasien et combattait l’opposition républicaine des Stoïciens.

  1. Le numéro 59 (Φιλοκτήτης) n’est qu’une paraphrase résumée du début du Philoctète d’Euripide, probablement un simple exercice de style.
  2. Ajouter le n° 19 (Περὶ τῆς αὑτοῦ φιληκοίας), relatif à une audition musicale.