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CHAP. III. — RENAISSANCE AU IIe SIÈCLE

la seconde partie de la vie de Dion. L’orateur n’y paraît pas tant en philosophe qu’en homme d’État, ou plutôt en bon citoyen, préoccupé des intérêts de son pays. Ces discours se rapportent généralement aux affaires de la Bithynie ; par suite, ils nous initient, de la manière la plus intéressante, à la vie intérieure des villes grecques d’Asie en ce temps[1]. Nous y voyons Dion usant de son autorité morale pour apaiser les conflits d’amour-propre entre Nicomédie et Nicée, entre Pruse et Apamée ; nous le voyons calmer la turbulence de ses concitoyens, les remercier des honneurs qu’ils lui ont conférés, ou décliner ceux qu’ils veulent lui offrir, quelquefois leur tracer la conduite à tenir à l’égard de l’autorité impériale, enfin se justifier d’accusations portées contre lui. Ces discours, moins connus que les discours moraux, lui font pourtant le plus grand honneur. Il s’y montre à la fois honnête homme et habile homme : il y fait preuve de franchise, de sens pratique, de dignité, de patriotisme sans emphase et sans imprudence. Comme Plutarque, il sent et il dit très sagement que le meilleur moyen, pour les Grecs de ce temps, d’alléger le poids de l’autorité romaine, c’est de ne pas lui fournir, par des agitations vaines, l’occasion d’intervenir durement. En même temps, il nous intéresse, en nous parlant de lui-même, de sa famille, de ses intérêts domestiques, avec une simplicité de bon goût. Il est chez lui,

  1. Les principaux de ceux que je range dans ce groupe sont les nos 38 (Πρὸς Νικομηδεῖς ὁμονοίας τῆς πρὸς Νικαεῖς), 39 (Περὶ ὁμονοίας ἐν Νικαίᾳ, 40 (Ἐν τῇ πατρίδι περὶ τῆς πρὸς Ἀπαμεῖς ὁμονοίας, 41 (Πρὸς Ἀπαμεῖς περὶ ὁμονοίας), 43 (Πολιτικὸς ἐν τῇ πατρίδι), 44 (Φιλοφρονητικὸς πρὸς τὴν πατρίδα εἰσηγουμένην αὐτῷ τιμάς), 45 (Ἀπολογισμὸς ὅπως ἔσχηκε πρὸς τὴν πατρίδα), 46 (Πρὸ τοῦ φιλοσοφεῖν ἐν τῇ πατρίδι), 47 (Δημηγορία ἐν τῇ πατρίδι), 48 (Πολιτικὸς ἐν τῇ ἐκκλησίᾳ), 49 (Παραίτησις ἀρχῆς ἐν βουλῇ), 50 (Περὶ τῶν ἔργων ἐν βουλῇ), 51 (Πρὸς Διόδωρον). On peut ajouter 34 (Ταρσικὸς δεύτερος), tout à fait analogue par le sujet aux nos 38-41. Voir H. v. Arnim, ouv. cité. ch. iv, Die bithynischen Rede.