veloppe. Il en est de même des exemples, en récits ou en fables, qu’il mêle sans cesse au tissu de ses développements moraux. Malgré ces défauts, Dion a un don de séduction, que nous sentons encore aujourd’hui. Son langage, d’une allure un peu lente, plaît par sa douceur et par l’absence complète d’emphase. Une phrase quelquefois traînante, mais souple et comme caressante, qui enlace l’auditeur et qui l’amuse par ses détours ; une remarquable abondance d’idées secondaires, comme il convient à la causerie ; une imagination spirituelle ; une grâce naïve de conteur. De même que tous ses contemporains, il imite, soit à dessein, soit même sans le vouloir, par un simple effet de réminiscence. On retrouve chez lui des tours, des expressions, qui rappellent Démosthène ou Platon. Mais tout cela, en somme, est heureusement fondu dans une couleur générale qui lui est propre[1]. Ce qui en fait surtout la qualité, c’est ce qu’elle laisse pour ainsi dire transparaître de l’homme lui-même. Dion est un atticiste tempéré, qui a gardé quelque chose d’asiatique ; il l’est sans effort et avec sincérité : il parle une langue qui, à coup sûr, n’était pas celle qu’on parlait couramment autour de lui, une langue plus pure, plus choisie, classique, et par conséquent légèrement archaïque, mais une langue qu’il a faite sienne, et il la parle avec une aisance charmante. Entre les écrivains de ce temps, c’est à coup sûr un des plus aimables[2].
Ainsi, tandis qu’Épictète nous éloignait de la pure tradition hellénique, Dion nous y ramène. Nous allons la ressaisir plus pleinement encore chez Plutarque, qui est, en ce siècle à demi romain, le Grec par excellence.