Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/509

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
491
PLUTARQUE ; SES ÉCRITS

Ceux qui subsistent sont ordinairement divisés en deux groupes : les Vies d’une part, et de l’autre ce qu’on appelle d’un nom collectif fort impropre, les Œuvres morales Ἠθικά, Moralia) ; en réalité, ce second groupe comprend des œuvres de toute sorte, dont un grand nombre n’ont aucun rapport avec la morale. Ni dans l’un ni dans l’autre de ces groupes, les écrits ne sont classés suivant l’ordre chronologique de leur composition, ni même suivant un ordre quelconque, vraiment méthodique. De là toute une série de questions critiques, dont beaucoup sont loin d’être encore résolues[1]. Bien loin de pouvoir ici les aborder, nous ne devons pas même songer à étudier de près tous ceux des écrits de Plutarque qui semblent authentiques. Ce que nous avons à nous proposer, c’est seulement de faire voir, d’après quelques-uns des principaux, les deux ou trois grands aspects de son activité littéraire.

Une remarque générale doit être faite tout d’abord. Le nombre même de ces productions montre assez que leur auteur n’a jamais eu grand souci d’en mûrir aucune. Évidemment, il écrivait vite, et le soin de la composition le préoccupait médiocrement. Seulement, ces défauts étaient compensés chez lui, autant qu’ils peuvent l’être, de plusieurs façons. D’abord, il prenait des notes sur tout, lisait et réfléchissait constamment ; de telle sorte qu’arrivé à un certain âge, il avait sur chaque sujet une provision toute prête de faits et d’idées. Ensuite, grâce aux qualités de son esprit, grâce aussi à une éducation très soignée, il lui était plus facile qu’à personne de classer rapidement ses pensées et de les exprimer sous une forme correcte, souvent même personnelle. Sans être un grand écrivain, il avait le goût

  1. Pour le groupe des Moralia, le livre de Volkmann en a éclairci un grand nombre.