fondé sur une conviction profonde, était au contraire d’en faire sentir la permanence, en l’adaptant au présent. Il en dégageait un idéal, qui était le meilleur qu’il y eut alors dans le monde, à en juger par les preuves qu’il avait données de son excellence.
V
Dans ces conditions, il était naturel que Plutarque écrivît beaucoup, et qu’il ne composât jamais un grand ouvrage. La collection de ses écrits, touchant à la morale, aux sciences, à la philosophie, à la littérature, à l’histoire, était si ample et si variée, qu’elle fut particulièrement exposée à tous les risques d’altération. Nous ne pouvons que très imparfaitement en suivre l’histoire, faute de témoignages précis[1]. Beaucoup de ces écrits ont été perdus, d’autres ont été mutilés ou abrégés, ou ne nous sont parvenus que sous forme d’extraits ; enfin, des ouvrages étrangers y ont été mêlés. La collection que nous possédons semble avoir été constituée au xe siècle, lorsque déjà l’œuvre de Plutarque avait beaucoup souffert ; elle a été établie d’après des manuscrits très défectueux, où se trouvait plus d’une lacune ; et celui qui l’a formée y a reçu sans critique un grand nombre d’écrits de diverses provenances[2]. Un peu auparavant, un autre savant byzantin avait composé, sous le nom d’un prétendu Lampriss, fils de Plutarque[3], un catalogue, dont nous possédons encore la plus grande partie (210 numéros) : les œuvres alors attribuées au philosophe y sont énumérées, et nous y voyons figurer, à côté de celles que nous possédons, une foule d’écrits qui ont disparu.