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CHAP. III. — RENAISSANCE AU IIe SIÈCLE

mais il est certain aussi qu’elle se sentit autorisée, encouragée, aidée par les illustres exemples de ces maîtres de la pensée. Or cette vive curiosité du fait particulier, du détail précis, des choses rares, manquait à peu près complètement à Platon. On ne saurait donc trop remarquer combien, à cet égard, Plutarque est peu platonicien. L’érudition curieuse, infinie, jamais lasse, le goût des problèmes, la poursuite des faits historiques ou des phénomènes naturels, et le besoin de les expliquer, voilà ce qui le fait péripatéticien, quoi qu’il en ait.

Comme on le voit, les dispositions fondamentales de Plutarque sont complexes. Pourtant elles sont liées les unes aux autres très intimement, et ferment ainsi un tout, qui se retrouve à peu près identique dans ses productions les plus variées. C’est ce que nous allons montrer en parcourant les principaux groupes de ses œuvres.

VII

« Les hommes qui voient juste, ô Cléa, prient les dieux de leur donner tout ce qui est bon ; mais c’est surtout la science des choses divines que nous cherchons à atteindre, autant que cela est possible à l’homme ; et nous leur demandons de nous l’accorder[1]. » Ces paroles expriment un des sentiments les plus profonds et les plus constants de Plutarque. Il a eu l’âme religieuse, et le souci de connaître Dieu a été capital dans sa vie.

Sa doctrine fondamentale en théologie est celle de Platon ; et si on lui eût demandé de dire ce qu’est Dieu, quelles sont ses œuvres et ses relations avec l’homme,

  1. Sur Isis, 1.