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PLUTARQUE ; SES ŒUVRES MORALES

vieillards doivent prendre part aux affaires publiques, Préceptes politiques, Que le philosophe doit s’adresser surtout à ceux qui ont le pouvoir, À un prince ignorant[1]. Si nous avions le dessein de faire connaître en détail les idées morales de Plutarque, il serait indispensable d’étudier chacun de ces écrits successivement. Mais cette étude a été fort bien faite ailleurs[2] et ne pourrait en aucun cas trouver sa place ici. Dire en quelques mots ce qu’a été Plutarque dans chacun des offices principaux du moraliste, voilà tout ce que nous devons nous proposer.

Le premier sans doute, à considérer les choses abstraitement, c’est de définir la vertu. Ce n’était pourtant pas le plus important au temps de Plutarque, et c’est celui où il se montre le moins original. Sa théorie morale est platonicienne et aristotélique. Avec Platon, il tient fermement à cette idée capitale, que le vice est ignorance, que la vertu peut et doit être enseignée : ce qui est d’ailleurs bien conforme à la tendance didactique de sa propre nature. Avec Aristote, il la fait consister en un juste milieu, obéissant encore en cela à ses instincts personnels de modération. Toutefois, cet aristotélisme est plus extérieur que profond ; il sert à établir la définition générale de la vertu, plutôt qu’il ne détermine dans le détail les conseils du moraliste. La tendance dominante de Plutarque sera d’affranchir l’esprit de la matière, de l’élever du monde sensible au monde des idées, ce qui est proprement platonicien. Quant au stoïcisme, il ne pouvait pas ne pas lui faire des emprunts de détail, puis-

  1. En outre, un écrit perdu dont il nous reste un fragment (Περὶ μοναρχίας καὶ δημοκρατίας καὶ ὀλιγαρχίας). Quant au Traité de l’Éducation des enfants, c’est une œuvre où l’on ne retrouve ni la manière de penser, ni le style de Plutarque, et qui, par conséquent, doit être définitivement rejetée de la collection. Voir le commentaire de Wyttenbach dans son édition.
  2. Ouvrages déjà cités de Gréard et de Volkmann.