La méthode qu’il formule si bien dans ce passage, il l’a pratiquée constamment. Écrit-il la vie d’un homme d’État ou d’un homme de guerre, d’un Périclès ou d’un Alexandre ; c’est moins le politique ou le conquérant qui l’intéresse que l’homme lui-même ; et, par suite, dans le politique même et dans le conquérant, c’est toujours l’homme qu’il cherche. Il nous parlera sommairement de leurs grands desseins, qu’il considérera surtout comme une manifestation de leur personnalité. En revanche, il insistera sur une foule de menues choses, qui lui semblent, avec raison, expressives et révélatrices. Anecdotes, bons mots, habitudes familières, manières de vivre et de parler, tour d’esprit, humeur ordinaire, physionomie et altitude, tout cela aura sa place dans un récit qui veut ètre avant tout une description morale. Nous ne connaissons pas assez la littérature biographique de l’antiquité pour apprécier très exactement ce qu’il y avait de nouveau dans cette manière de faire. Il est probable, après tout, qu’avant Plutarque, on avait déjà composé dans cet esprit des vies isolées. Mais il est bien certain aussi qu’en appliquant cette méthode à un si grand nombre de biographies, avec tant d’aisance et de bon goût, il en a fait vraiment la forme constitutive d’un genre littéraire.
Déjà, plus haut, nous avons signalé le talent de conteur qui est propre à Plutarque. Ce talent vient singulièrement en aide au moraliste dans ces descriptions de