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PRINCIPAUX SOPHISTES DU SECOND SIÈCLE

plus d’éclat ; mais elle règne aussi à Éphèse, à Pergame, à Tarse, à Antioche, à Athènes, et peu à peu dans toutes les grandes villes du monde grec. Sa popularité va croissant sous Néron et Trajan. Elle atteint son apogée sous Adrien, Antonin, Marc-Aurèle, vers le milieu du second siècle ; puis, elle se soutient et dure à travers les siècles suivants, jusqu’aux derniers temps de l’hellénisme.

II

Ses représentants sont légion. Le premier par la date, et le restaurateur de l’art, selon Philostrate, fut Nikétès de Smyrne[1], qui se rendit célèbre, à la fois comme professeur et comme avocat, sous les Flaviens et jusque sous Nerva. Véritable orateur asiatique, à la parole emphatique et sonore, dont les discours avaient quelque chose de dithyrambique. — À côté de lui, se place son disciple Scopélien[2], de Clazomène, qui enseigna également à Smyrne, avec un immense succès, sous les règnes de Domitien, de Nerva et de Trajan ; il fut député par le conseil d’Asie à Domitien pour faire lever l’interdiction

  1. Philostrate, Vies des Soph., I, 19. C’est presque certainement le même que le Nicétès Sacerdos, dont Pline le Jeune suivit les leçons en même temps que celles de Quintilien (Epist., VI, 5), et que Tacite mentionne dans le Dialogue des orateurs, ch. xv, 5, composé probablement en 81 (Dialogue des or., éd. Goelzer, Introd., p. xii). Mais il paraît plus difficile de l’identifier au Nicétès dont Sénèque le père, dans ses Controverses, fait mention comme d’un maître déjà renommé sous Tibère, et dont il cite d’assez nombreux fragments ; car celui-là devait être né dans les premières années de notre ère et il aurait eu par conséquent plus de 90 ans sous Nerva, qui monta sur le trône en 95.
  2. Philostrate, V. S., I, 21. Suidas, Σκοπελιανός. — Sur son ambassade pour les vignes, consulter (outre Philostrate) Suétone, Domitien, ch. vii. Sur les poésies de Nikétès et de Scopélianos, voir plus loin § X.