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CHAP. IV. — SOPHISTIQUE SOUS LES ANTONINS

la beauté, sans idées et sans élégance. Le court traité Sur l’Astrologie (Περὶ ἀστρολογίης), en dialecte ionien, offre une imitation artificielle de la manière et du style des vieux philosophes ioniens : l’auteur feint de croire à l’astrologie, mais il la réduit en fait à peu de chose ; il est d’ailleurs incrédule à l’égard de la mythologie, qu’il interprète à la façon d’Évhémère. Nous ne reconnaissons pas là le tour d’esprit ordinaire de Lucien ; tout au plus, pourrait-on y voir un exercice de style, ou une fantaisie de lettré, appartenant à sa jeunesse, s’il n’était bien plus probable que l’ouvrage lui a été attribué simplement en raison de sa tendance générale. L’opuscule Sur la déesse syrienne (Περὶ τῆς Συρίης), également en dialecte ionien, est une description du temple d’Hiérapolis et des cérémonies qu’on y célébrait : le mélange curieux de crédulité et d’observation critique qui s’y fait remarquer dénote un tout autre esprit que celui de Lucien : rien d’ailleurs ne lui ressemble moins que l’exactitude minutieuse dont l’auteur fait preuve ; il n’a de commun avec Lucien que sa nationalité, car il se donne pour Syrien (c. 1).

La présence de ces écrits apocryphes dans la collection de Lucien autorise a priori à en tenir pour suspects un certain nombre d’autres : car elle prouve que le recueil a été composé sans esprit critique et sans garanties suffisantes. De là des doutes, qui ont été parfois poussés fort loin. Bekker, dans son édition, exclut comme apocryphes 28 écrits divers, sans d’ailleurs donner de raisons. D’autres, avant ou après lui, sans se montrer aussi sceptiques, ont rejeté tels ou tels écrits ; par exemple le Traité des Sacrifices, le Démonax, l’Âne, les drames en vers, les Épigrammes, etc. Contentons-nous de remarquer ici que ces doutes ou ces exclusions reposent plutôt sur des impressions personnelles que sur des preuves vraiment probantes ; et il arrive souvent que ces im-