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CHAP. IV. — SOPHISTIQUE SOUS LES ANTONINS

les Dialogues des morts, l’Arrivée aux Enfers (Κατάπλους), la Nécromancie, le Charon, les Lettres Saturnales, le Cynique, le Coq, le Timon, les Vœux ; Lucien y marque, en traits vifs, parfois cyniques, certains aspects généraux de l’humanité, vanité des désirs, fausses opinions sur le bonheur, poursuite ardente des plaisirs, des richesses, des honneurs, de la gloire, dureté des riches, jalousie des pauvres, conflit des passions, naïveté incorrigible des illusions, déceptions toujours répétées el toujours inattendues. La description particulière, celle qui se rapporte à certaines classes ou à certains hommes, a moins d’importance dans ces dialogues : elle apparaît toutefois, çà et là, dans plusieurs de ceux qui ont été cités : mais elle remplit les Dialogues des Courtisanes, dont le titre même indique le sujet ; le Banquet, où l’auteur met en scène les prétentions ridicules, les vices, la grossièreté et l’esprit querelleur des philosophes du temps ; les Fugitifs enfin et l’Eunuque, deux œuvres pleines d’allusions moqueuses, obscures pour nous. — Une incrédulité, tantôt légère et dissimulée, tantôt avouée et hardiment agressive, fait le fond d’autres dialogues ; elle perce déjà vivement dans les Dialogues des dieux, le Jugement des déesses, les Dialogues marins et l’Icaroménippe ; elle est plus libre encore dans les Fêtes de Cronos ; elle éclate en protestations ou en moqueries bruyantes dans l’Ami du mensonge, dans Prométhée ou le Caucase, dans l’Assemblée des dieux ; elle argumente insolemment dans Zeus tragédien et dans Zeus à court de raisons (Ζεὺς ἐλεγχόμενος). — Quelques autres dialogues traitent de sujets littéraires ; ce sont : le Parasite, parodie des disputes que les rhéteurs et les philosophes soutenaient, depuis le temps de Platon, au sujet de la rhétorique ; le Lexiphane, où est tournée en raillerie la manie des Atticistes, collectionneurs curieux d’expressions oubliées, auxquelles ils font un sort dans des écrits insipides ; en-