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LUCIEN ; SES ÉCRITS

fin le Pseudologiste ou Faiseur de solécismes, contre les prétentions des grammairiens, arbitres infatués de la correction, à laquelle ils manquent eux-mêmes sans s’en apercevoir.

Mais le dialogue est loin d’être l’unique forme sous laquelle Lucien donne alors carrière à sa verve. Il écrit aussi de spirituelles causeries, des pamphlets biographiques, des diatribes personnelles, des parodies, des dissertations satiriques, un roman, des biographies, laissant son humeur et sa fantaisie aller en tous sens et prendre toutes les formes.

Quelques-unes de ces compositions se rapportent à sa vie littéraire : réponses enjouées à des compliments (À celui qui me disait : « Tu es le Prométhée du discours ») ; ripostes acerbes à des critiques (Contre Timarque, au sujet du mot Ἀποφράς). D’autres, sous couleur d’avertissements utiles, semblent destinées, en grande partie, à satisfaire des ressentiments personnels : Contre un ignorant collectionneur de livres, violente invective contre un anonyme ; le Maître de Rhétorique, où Lucien prend à partie, non seulement la rhétorique du temps en général, mais un de ses représentants les plus connus, probablement Julius Pollux. Plusieurs autres sont de véritables instructions morales, où d’ailleurs l’élément satirique ne fait jamais défaut : tantôt il recommande de ne pas croire légèrement aux mauvais propos (Περὶ τοῦ μὴ ῥᾳδίως πιστεύειν διαβολῇ), tantôt il décrit à un philosophe, tenté par l’attrait de la vie romaine, les humiliations et les misères de ceux qui se mettent au service des grands personnages (Περὶ τῶν ἐπὶ μισθῷ συνόντων).

En même temps, il soutient dans divers pamphlets la guerre à la crédulité, qu’il menait si vivement dans ses dialogues. Sa Causerie avec Hésiode est une dérision de la prétendue inspiration des anciens poètes, considérés