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CHAP. IV. — SOPHISTIQUE SOUS LES ANTONINS

sophistique. Quant aux deux noms qui figurent dans ses deux prologues, il n’y a rien à en tirer, comme indication chronologique. Le premier est celui d’un enfant qu’il appelle Branchos (Βράγχε τέκνον, Prol. I.). Le second est celui d’un roi Alexandre, père du jeune lecteur à qui le poète s’adresse (ὦ παῖ βασιλέως Ἀλεξάνδρου, Pr. ii) ; ces deux noms sont inconnus, et les conjectures faites sur cet Alexandre n’ont abouti à rien de certain[1] ; le plus probable cst qu’il s’agit d’un des petits rois obscurs de l’Orient grec.

La forme primitive du recueil de Fables de Babrius (Αἰσώπειοι μῦθοι) est impossible à retrouver aujourd’hui sous les altérations qui l’ont défiguré. Suidas cite un recueil en dix livres. Cette division a disparu dans notre manuscrit unique, l’Athous, qui donne 123 fables par ordre alphabétique, depuis Α jusqu’à Ο, c’est-à-dire les deux tiers au plus de l’ensemble primitif. Parmi ces fables, sont insérés deux prologues, qui semblent partager le recueil en deux livres, l’un au début, l’autre après la fable 107 ; mais ce n’est là qu’une fausse division, superposée à l’ordonnance primitive[2]. C’est pourtant celle qu’Avianus paraît avoir connue (Préf. : duo volumina). Le texte de Babrius a donc été altéré de très bonne heure, ce qui tint à son succès même. Adopté dans les écoles, il fallut l’approprier à l’usage qu’on en voulait faire. On écourta certaines fables ; à presque toutes, on ajouta des épilogues, qui n’étaient pas du poète ; on en modifia le classement, pour qu’elles fussent plus faciles à trouver ; enfin on fit entrer dans le recueil d’autres apologues de divers auteurs. Car Babrius nous apprend

  1. On a voulu y reconnaître tour à tour Alexandre fils d’Antoine et Cléopâtre, Alexandre petit-fils d’Hérode et roi en Cilicie sous Vespasien, Caracalla, Alexandre Sévère, etc.
  2. Elle paraît toutefois marquer deux époques dans la manière de Babrius et répondre à deux publications successives.