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CHAP. IV. — SOPHISTIQUE SOUS LES ANTONINS

mença dès le iiie siècle et se prolongea à travers tout le moyen-âge byzantin.

De même que la poésie didactique, la poésie lyrique, au second siècle, n’est vraiment qu’une poésie d’école ou de petits cercles lettrés.

Laissons de côté les Anacreontea, dont une partie semble appartenir aux deux premiers siècles de notre ère ; nous parlerons plus loin du recueil tout entier, lorsque nous arriverons au temps où il paraît s’être achevé, c’est-à-dire au ve siècle.

Dans un tout autre genre, les Hymnes Orphiques, dont un grand nombre aussi sont attribués au premier et au second siècle de notre ère[1], peuvent être cités comme des exemples de cette stérile production poétique, assujettie à d’étroites conditions. Notre recueil en comprend quatre-vingt-huit, sur lesquels une dizaine seulement doivent être rapportés soit à la période alexandrine, soit à une plus haute antiquité[2]. Ce sont des prières ou plutôt des litanies, consistant surtout en énumérations de titres et d’attributs. Destinées à accompagner des sacrifices, elles offrent un mélange des diverses idées philosophiques du temps, associées aux vieilles traditions orphico-pythagoriciennes. Elles ont dû satisfaire la dévotion païenne des contemporains par la pompe obscure des invocations, mais sans jamais sortir d’une petite église, dont les fidèles seuls étaient en état de les comprendre.

Un art plus savant, mais un art de pure imitation, se manifeste dans quelques autres œuvres lyriques du même temps, dont les auteurs ne nous sont guère connus que de nom. Mésomédès de Crète, affranchi de l’empereur Adrien, qui le tint toujours en grande faveur, avait com-

  1. Chr. Petersen, Philol. XXVII, p. 385 et suiv.
  2. Abel, Orphica, Leipzig, 1885, p. 55-102.