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BION, MÉNIPPE

bien à l’école cynique et qui ne manqua pas d’y être en honneur. — Bion le Borysthénite avait commencé par être esclave[1]. Son maître lui laissa sa fortune en l’affranchissant. Il voyagea de ville en ville. À Athènes, la philosophie platonicienne commença par l’attirer. Mais il quitta bientôt l’Académie pour prendre le manteau court et la besace des cyniques[2]. C’était un homme d’esprit, dont on avait retenu beaucoup de mots ingénieux. Ses querelles avec les stoïciens ont enrichi les répertoires d’anecdotes[3]. Il avait écrit divers traités que Diogène ne désigne pas avec précision et en outre des Παίγνια, comme Cratès, puis des compositions en prose qui paraissent avoir porté le titre de διατριβαί (Entretiens ou Causeries, sermones[4]). Le peu qui nous reste de ses vers satiriques ne nous permet pas de les juger, mais nous avons, sur ses Entretiens, un témoignage capital, celui d’Horace, qui déclarait les avoir pris pour modèles dans ses Satires et qui parle de leur sel piquant et mordant :

Bionneis sermonibus et sale nigro[5].

Un tel témoignage en dit plus que beaucoup de conjectures modernes sur le caractère et sur la valeur des Entretiens de Bion[6]. — Quant à Ménippe, il a donné son nom à

  1. Diog. L., VII, 46-58. — On a beaucoup écrit sur Bion le Borysthénite. V. cette bibliographie dans Susemihl, I, p. 32, n. 96. Les fragments de Bion ont été recueillis par Rossignol (Fragmenta Bionis Borysthenitae philosophi), Paris, 1830, et par Wachsmuth, dans son livre De Timone phliasio ceterisque sillographis graecis, etc., Leipzig, 1899, puis dans ses Sillographorum graecorum reliquiae, Leipzig, 1885.
  2. Diog. L., VII, 52.
  3. Cf. Athénée, IV, 162, D, et Diogène Laërce.
  4. Diog. L., II, 77.
  5. Ep., II, 2, 60.
  6. Le genre de Bion avait été repris par son disciple Télès. Cf. Susemihl, I, p. 41-44.