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ARRIEN : SES ÉCRITS

prime. Il semble que l’empereur, qui aimait le grec, ait voulu avoir sous la main un document clair, facile à lire, écrit dans sa langue favorite. Arrien a composé, pour lui d’abord, et sans doute ensuite pour d’autres lecteurs, une sorte de journal de route, qui note les choses intéressantes, sous une forme un peu sèche, mais correcte et dégagée. Une fois ce journal fait, il jugea bon de le compléter par une description analogue du reste du littoral du Pont Euxin[1]. Il ajouta donc, d’abord la partie du littoral méridional qui s’étend du Bosphore jusqu’à Trapézonte (c. 12-17) : puis celle du littoral occidental et septentrional, du Bosphore à Dioscourias (17-25) ; la mort récente de Cotys, roi du Bosphore Cimmérien, en offrant à l’empereur l’occasion de régler une succession princière, lui paraissait prêter à ces derniers chapitres un intérêt d’actualité (c. 17). Dans toute cette seconde partie, Arrien n’a fait qu’utiliser des Périples antérieurs[2]. Il ne visait pas à l’originalité des recherches ni à la nouveauté des faits. Son seul but était de réunir, sous une forme très simple, des renseignements formant un tout[3].

Le Traité de Tactique (Τέχνη τακτική), achevé en 137[4], peu avant qu’Arrien quittât la Cappadoce, dénote un état d’esprit analogue. L’auteur y continue son apprentissage d’écrivain en rajeunissant des œuvres antérieures. Remarquant que les nombreux traités de

  1. Suivant C. G. Brandis (Rhein. Mus., Nelle sér., t. 51, fasc. 1), cette suite aurait été ajoutée postérieurement et ne serait pas d’Arrien.
  2. C’est ce que démontre la comparaison avec le Περίπλους τῆς ἐντὸς θαλάσσης de Ménippe de Pergame, dont un fragment nous a été conservé dans l’Epitome de Marcianus d’Héraclée (voir plus loin, ch. VIII.
  3. Le Périple d’Arrien est une des sources du Περίπλους Εὐξεινου πόντου, compilation byzantine, qui figure dans les Geogr. gr. minores Didot, I, p. 462 et suiv.
  4. La 20e année du règne d’Hadrien (c. 44, 3).