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ARRIEN : SES ÉCRITS

que l’histoire à cet esprit sage, mais plus exact que puissant ou inventif. D’après les indications de Photius[1], Arrien, dès qu’il se sentit capable de composer, songea à se faire l’historien de la Bithynie, sa patrie. Mais les renseignements, dispersés, étaient longs à recueillir ; il ajourna donc son projet ; et, en attendant, il écrivit deux biographies, celles de Timoléon de Corinthe et de Dion de Syracuse, toutes deux perdues. Alors, devenu plus sûr de lui, il entreprit son Expédition d’Adexandre (Ἀλέξανδρον ἀνάβασις), sur laquelle nous reviendrons tout à l’heure ; et ce fut seulement après l’avoir terminée, qu’il acheva et publia ses Βιθυνιακά. De ce dernier ouvrage nous ne savons que ce qu’en dit Photius : qu’il commençait aux temps mythiques, se composait de huit livres, et se terminait à l’époque où la Bithynie devint province romaine (75 av. J.-C.)

Une fois libéré de sa dette envers sa patrie, Arrien revint à ses études sur Alexandre, et il compléta son Anabase par deux ouvrages : un écrit Sur l’Inde (Ἰνδική) et la Succession d’Alexandre (Τὰ μετ’Ἀλέξανδρον) en dix livres. — Le premier ouvrage, qui subsiste encore, est écrit en dialecte ionien[2] : après une courte description de l’Inde, dont les éléments sont empruntés surtout à Ératosthène, à Néarque et à Mégasthène[3], l’auteur raconte en abrégé le voyage d’exploration (des bouches de l’Indus au fond du golfe persique) que Néarque avait accompli sur l’ordre d’Alexandre et relaté en détail dans son Périple. En suivant de très près ce récit, dont il nous a ainsi conservé la substance, il semble s’être proposé simplement de réunir, sous une forme brève,

  1. Photius, 93.
  2. Arrien, qui avait fait d’Hérodote un de ses modèles, aura voulu sans doute s’assimiler autant que possible par cette imitation les secrets de son style.
  3. Inde, c. 47, cf. 3.