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ZÉNON

On y trouve, comme d’habitude, des traités Περὶ τοῦ ὄλου, Περὶ ἀνθρώπων φύσεως, Περὶ παθῶν, etc. Ce qui est plus curieux, c’est qu’on y trouve aussi un Περὶ πολιτείας[1] : le stoïcisme pourtant n’a guère eu le souci de la cité. Mais on voit par quelques citations quel en était l’esprit : au début, Zénon y déclarait que la vraie parenté était celle qui résultait de la sagesse[2] ; ailleurs il y vantait la communauté des femmes, comme Platon, mais seulement pour les sages[3]. Dans cette liste, on trouve encore des Problèmes homériques et un traité Περὶ ποιητικῆς ἀκροάσεω ; (Sur la manière de lire les poètes) : on sait le goût qu’eurent toujours les stoïciens pour l’explication allégorique des poètes.

Zénon méprisait la rhétorique et l’art du style. Il vantait la brièveté sentencieuse du langage (βραχυλογία). La rondeur harmonieuse des périodes isocratiques, si chères à ses contemporains, ne lui inspirait aucune admiration[4]. Il y avait là, peut-être, un souvenir obscur de ses origines phéniciennes. Il avait d’ailleurs de l’esprit[5], et en outre une subtilité dialectique qui se montre dans tout son système.

Il mourut à l’âge de soixante-douze ans[6], de mort volontaire, dit-on[7].

Diogène énumère, comme ses disciples immédiats, Persée de Kition, son compatriote, Hérillos de Carthage ; Denys d’Héraclée, Sphæros du Bosphore, Athénodore de

  1. L’authenticité en est confirmée par un témoignage de Chrysippe (Diog. L., VII, 34).
  2. Diog. L., ibid., 32. Cf. Plutarque, Contrad. des Stoïc., 2 (p. 1033, B-C).
  3. Ib., ibid., 131.
  4. Diog. L., VII, 18 et 20.
  5. Cf. Diog. L., VII, 23 et suiv.
  6. C’est le chiffre donné par son disciple Persée (Diog. L., VII, 28). D’autres le faisaient vivre plus longtemps (Diog. L., ibid.)
  7. Diog. L., VII, 29.