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CHAP. V. — HELLÉNISME ET CHRISTIANISME

tient particulièrement, avec ses souvenirs de la Thébaïde, des guerres médiques, d’Épaminondas, et ses monuments ; il rayonne de là dans les villes du voisinage, à Platées, Délium, Anthédon, Orchomène, Tanagra, etc. (l. IX, Βοιωτικά) ; enfin il se rend en Phocide, où Delphes l’attire et le séduit ; la description qu’il en fait est en quelque sorte le guide des fouilles qui s’y exécutent de nos jours ; et son récit de l’expédition des Gaulois nous a conservé un curieux épisode de notre histoire nationale (l. X, Φωκικά). Là se termine son voyage, laissant de côté, à notre grand regret, toute la Grèce occidentale et septentrionale, Acarnanie, Étolie, Épire, région du Pinde central, Thessalie.

En composant cette description, Pausanias a certainement suivi de près des écrivains antérieurs, qu’il ne nomme pas[1]. Pour l’archéologie, son principal guide n’a guère pu être que Polémon le Périégète[2], dont les œuvres, devenues classiques, avaient été abrégées à l’usage des voyageurs ; Pausanias présente des omissions frappantes à propos de tous les monuments notables postérieurs au temps de Polémon[3]. Pour la topographie, il a emprunté beaucoup à Artémidore ; pour l’histoire, à Istros. Par lui-même, il n’avait ni le goût ni la méthode des vérifications minutieuses, des recherches patientes, des déchiffrements d’inscriptions. Il aimait le travail tout fait. Mais il a eu du moins le mérite de puiser à de bonnes sources, et il nous a conservé quantité de renseignements de valeur en les incorporant à son exposé. Qu’il eût d’ailleurs beaucoup lu, en particulier les anciens poètes, c’est ce qu’attestent toutes les parties de son ouvrage. Il cite surtout les vieilles épopées perdues, parfois

  1. Kalkmann, Pausanias der Periegel ; Untersuchungen über seine Schriftstellerei und seine Quellen, Berlin, 1883.
  2. Voyez plus haut, p. 119.
  3. Wilamowitz-Moellendorff, Hermes, XII, 346.