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CHAP. V. — HELLÉNISME ET CHRISTIANISME

été conservé par Photius (cod. 187)[1]. Par ce dernier ouvrage tout au moins, Nicomachos est un des témoins des rêveries mathématiques auxquelles se complaisaient les néopythagoriciens, et dont l’influence se retrouve chez tant d’écrivains de la période romaine.

Artémidore d’Éphèse[2] représente presque seul une science bien plus fantaisiste encore, celle de l’interprétation des songes. Le seul ouvrage qui nous reste de lui, les Songes expliqués (Ὀνειροκριτικά), en quatre livres, est un simple recueil de règles et d’exemples, d’une extrême platitude, qui serait sans aucune valeur, s’il ne nous renseignait sur un art qui a joué dans l’antiquité un grand rôle, et s’il n’attestait la misérable crédulité des hommes de ce temps.


Une tout autre place dans la science appartient au célèbre astronome et géographe Claude Ptolémée, d’Alexandrie. Venu le dernier dans la série chronologique des grands savants de la Grèce, il a résumé dans ses œuvres, avec une remarquable puissance de synthèse, tout ce qu’ils avaient découvert, en y ajoutant le fruit de ses recherches personnelles. Et comme il n’a pas eu de successeur, c’est lui qui a révélé la science hellénique aux hommes du moyen âge d’abord, et ensuite aux modernes. Par là son rôle a été très grand, supérieur même à son mérite personnel ; car Ptolémée, malgré sa large et intelligente activité, n’a pourtant à son compte aucune grande découverte ; nulle part, il n’a fait œuvre de génie, comme autrefois un Archimède ou un Hipparque.

  1. Publié par Ast, Leipzig, 1897, dans les Theologoumena arithmeticæ de Jamblique.
  2. Suidas, Ἀρτεμίδωρος. Sa mère était de Daldis en Lydie, et lui-même était prêtre d’Apollon Daldaios ; voilà pourquoi il s’appelle, Artémidore de Daldis.