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HERMIAS

que pour les convaincre de leur impuissance à la trouver ; la vérité est dans l’imitation de Dieu, qui consiste elle-même essentiellement dans l’amour du prochain et dans le détachement. De telles pages ne peuvent être lues avec indifférence. Elles ont en elles-mêmes une beauté qui tient à la sincérité passionnée de l’auteur et à l’élévation de son idéal. L’art hellénique, sous une forme un peu raide sans doute, mais vigoureuse, se plie ici, pour la première fois dans le christianisme, aux besoins d’une âme d’orateur, qui se l’approprie.

Il suffit de mentionner le Persiflage des philosophes païens (Διασυρμὸς τῶν ἔξω φιλοσόφων) qui nous est parvenu sous le nom d’Hermias, philosophe[1]. Moquerie facile et sans portée, sur les contradictions et les systèmes des penseurs helléniques. À vrai dire, nous en ignorons entièrement la date, et il n’y a aucune raison probante pour rapporter cet écrit au second siècle[2]. Il a d’ailleurs trop peu de valeur pour que la question soit vraiment importante.

VII

Toutes les œuvres dont nous venons de parler sont plus ou moins des écrits de circonstance. Nulle entreprise intellectuelle de longue haleine ; de courts traités, des apologies, des satires, partout la préoccupation d’un résultat prochain à atteindre, plutôt que celle d’un large enseignement à organiser. Un grand pas restait donc à faire. La pensée chrétienne, sous peine d’infériorité éclatante, devait se montrer capable de ces conceptions étendues, de ces vastes et fécondes synthèses qui avaient été l’honneur de l’hellénisme païen. C’est grâce à l’école catéché-

  1. Otto, Corpus, t. IX. Diels, Doxographi, p. 649, Berlin, 1819.
  2. Harnack, Gesch. d. Altch. Liter., t. I, p. 782 ; Bardenhewer, § 20.