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CHAP. V. — HELLÉNISME ET CHRISTIANISME

tique d’Alexandrie et à son premier grand représentant, Clément, qu’elle ébaucha enfin, à la fin du second siècle, ce travail, d’où dépendait son avenir.

Titus Flavius Clemens[1] était probablement athénien (Épiphane, Hérésies, 32, 6). Il dut naître aux environs de 160. Tout ce que nous savons de sa jeunesse, c’est qu’il voyagea d’école en école, en Grèce, en Italie, en Syrie, en Palestine, en Égypte, cherchant partout un enseignement qui le satisfît[2]. Il le trouva enfin à Alexandrie, où il dut arriver vers 180, au début du règne de Commode, période de paix pour le christianisme[3]. Dans ce milieu savant, l’église chrétienne avait hérité naturellement des méthodes et de l’esprit de la communauté juive d’où elle était sortie. On a vu plus haut, dans l’étude relative à Philon (p. 422), ce que les Juifs hellénistes d’Alexandrie avaient fait de l’exégèse biblique, sous l’influence de l’hellénisme. De bonne heure, les chrétiens, à leur tour, semblent avoir développé, selon leurs vues propres, cette exégèse allégorique et philosophique[4]. En même temps, ils s’appropriaient, sans plus d’esprit critique que leurs prédécesseurs, l’érudition, de bon ou de mauvais aloi, que ceux-ci avaient mise au service de leurs idées. Ainsi s’était constitué

  1. Nous n’avons pas de notice complète sur Clément d’Alexandrie. Ce que nous savons de lui provient des renseignements dispersés dans ses propres écrits et dans ceux d’Origène, d’Épiphane, d’Eusèbe, etc. — Principaux écrits sur Clément : Reinkens, De Clemente, presbytero alexandrino, homine, scriptore, philosopho, theologo liber, Vratislaviæ, 1851 ; É. Freppel, Clément d’Alexandrie, Paris, 1865. Ch. Bigg, The Christian Platonists of Alexandria, Oxford, 1886. — Nous ne citons pas ici les nombreux ouvrages où Clément est surtout considéré au point de vue du dogme. Voir la bibliographie donnée par Bardenhewer, Patrol. 38, 1.
  2. Stromates, I, 1.
  3. Cette chronologie repose surtout sur des indices, assez sûrs d’ailleurs. Voir Eusèbe, Hist. Eccl., VI, c. 6.
  4. Eusèbe, V, 10 : Ἐξ ἀρχαίου ἔθους διδασκαλείου τῶν ἱερῶν λόγων παρ’ αὐτοῖς συνεστῶτος.