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CLÉMENT D’ALEXANDRIE

un enseignement de tendance mystique, mais de forme rationnelle, appuyé sur l’histoire, quelquefois altérée, sur une littérature, quelquefois apocryphe, et sur une connaissance étendue de la philosophie grecque. Il était représenté, au temps où Clément arrivait à Alexandrie, par une école assez improprement appelée « catéchétique »[1], sorte d’auditoire analogue aux auditoires des philosophes païens. Le maître qui y professait alors se nommait Pantænos, stoïcien converti au christianisme, dont l’influence sur le nouveau venu fut décisive[2]. Celui-ci se sentit gagné immédiatement et complètement. L’union entre le maître et le disciple devint chaque jour plus intime. Vers 190, Clément, déjà prêtre, fut associé à Pantænos et commença d’enseigner, lui aussi. Après la mort du maître, il le remplaça. Donc, soit comme assistant, soit comme chef de l’école, il professa d’une manière continue à Alexandrie pendant les dernières années du second siècle et les premières du troisième, de 190 environ jusque vers 203. Ce fut alors qu’il compta Origène parmi ses auditeurs. La persécution de Septime Sévère mit fin à son enseignement ; il dut se dérober par la fuite aux haines ou aux jalousies qu’il avait excitées. Une fois qu’il eut quitté Alexandrie, il n’y revint plus. La dernière partie de sa vie semble avoir été errante. On le voit séjourner en Asie-Mineure, puis à Antioche, sans qu’on puisse dire au juste dans quelles conditions[3]. Il dut mourir vers 215.

Clément avait beaucoup écrit[4]. L’ouvrage où se révélait peut-être le mieux la nature de son enseignement était les Esquisses (Ὑποτυπώσεις), en huit livres, série

  1. Étude récente de Lehmann, Die Katechelenschule zu Alexandria, Leipzig, 1896.
  2. Eusèbe, Hist. eccl., V, 10. Cf. Stromates, I, 1.
  3. Eusèbe, Hist. eccl., VI, 11.
  4. Bibliographie, p. 657.